
pose une alternative à cette vision en montrant que la langue littéraire ne se réduit ni à "l'imaginaire de la belle langue", ni à la "langue de l'universel reportage", mais fait mémoire en convoquant les figures de l'archaïque. Par son emploi de l'anachronisme et de l'inactuel, elle crée un effet de "spectralité" qui lui permet de s'extraire des usages contemporains.
entériner un défaut de légitimation des oeuvres de qualité et une désaffection pour la lecture lettrée, souligne Olivier Bessard-Banquy, maître de conférence à l’Université Bordeaux 3. Cependant, elle ne saurait enlever à un ouvrage de valeur les faveurs du public quand celui-là sait se distinguer du lot des productions standardisées, comme le montre l'exemple de l'écrivain Pierre Michon.
C'EST CETTE RÉFLEXION sur le rapport entre l'héritage et la création qu'illustrent Arno Bertina, Tanguy Viel et Pierre Senges, trois écrivains invités à la table-ronde organisée par Laurent Demanze. "Déclarer la littérature morte, c'est ne pas être capable de déclarer le présent chaotique", affirme Arno Bertina, selon lequel la littérature s'inscrit nécessairement en faux avec les idéologies en ce qu'elles verrouillent le langage et ignorent le chaos de la vie. S'il faut en passer par une fin, précise Tanguy Viel, c'est par celle de la conception moderne d'une littérature qui se retourne sur elle-même. A rebours, l'écrivain appelle de ses voeux une littérature qui "puisse devenir un lieu de conversation avec le monde", monde composé tant de la réalité référentielle que des récits qui s'y superposent. La représentation du réel devient une priorité, même si l'héritage littéraire est convoqué et exhibé. Comme le montre Pierre Senges, qui, dans ses écrits, joint l'histoire à la glose, aller chercher des bribes de discours existants peut rapprocher de la réalité.
auteur, le numérique pose les jalons de poétiques nouvelles en alliant vivacité et exploration des formes brèves, tension entre mobilité des contenus et conscience d'une nécessaire fixité. Les métamorphoses de la littérature sont ainsi comme autant de signes de vie. Comme le souligne Olivier Bessard-Banquy : "Non seulement le cadavre de la littérature bouge encore, mais il pourrait bien surprendre par son incroyable force de résistance".
