
moraux et religieux du néoclacissime que les tenants de l'Esthétisme partent en quête d'une nouvelle beauté qu'ils veulent tour à tour voluptueuse, sensuelle, pleine de grâce et de poésie. Ils convoquent tous les sens et travaillent à élaborer des symphonies de synesthésie. La musique se lie ainsi à la peinture pour rendre plus grand le délice du spectateur. Inspirés souvent par des poèmes, les artistes de l'époque, à l'instar de James McNeil Whistler, Dante Gabriel Rossetti ou encore Edward Burne-Jones, sont en quête d'une esthétique idéalisée et nouvelle. Les canons de beauté victoriens sont alors déclassés au profit de modèles sensuels et langoureusement féminins.
entendu parler de lui "comme d'un jeune homme pour qui la pire difficulté qui fût était de mener une existence digne de sa porcelaine bleue". Symbole de raffinement extrême et d'exotisme, les vases japonais saturent bientôt les toiles, comme dans Symphonie en blanc, n°2 de McNeil Whistler (1864) - grand collectionneur d'estampes et de céramiques -, où la robe blanche du modèle rivalise d'éclat avec un vase posé sur la cheminée.
Fauteuils, armoires, faïences, ferronnerie, broderies, vitraux, papiers peints... L'intérieur devient un décor de théâtre, où là encore la pièce se joue entre le Moyen-âge, l'Antiquité et l'art japonais, jusqu'à l'excentricité fantasque. Des motifs d'inspiration nippone, comme la plume de paon ou le papillon, s'infiltrent dans tous les intérieurs coquets d'un cercle de riches intellectuels anglais sans lesquels l'Æsthetic Movement n'aurait sans doute pas connu le même retentissement.
de Christopher Dresser, fleure bon le japon avec sa théière assemblée de formes géométriques. Une quête absolue de la beauté dans chaque geste et chaque détail qui, à bout de souffle, s'ouvre et fâne, comme une rose, au crépuscule du XIXe siècle dans le mouvement décadent. Ennivré, Oscar Wilde prédit alors que "l'avenir appartient aux dandys" et que "le règne des précieux est imminent." Il ne sait pas qu'il est déjà trop tard.


