Des chiffres et des bêtes
pouvoir se fait notamment par la création de l'Académie des Sciences. En 1666, Colbert réunit un groupe de savants autour de Huygens ; les Académiciens se voient octroyer une rémunération annuelle, en contrepartie de laquelle leurs recherches doivent se concentrer sur des sujets utiles au Royaume, tels l'étude des longitudes, la cartographie ou la médecine. L'exposition s'ouvre ainsi sur une petite galerie de portraits : dans une ambiance feutrée, des dizaines de tableaux font plonger dans le monde des érudits et courtisans éclairés. Louis XIV apparaît en protecteur des Arts et des Sciences dans un portrait de Jean Garnier (1672), et de nombreux savants se font représenter leur outil à la main. On croise ainsi l'inspecteur général de la Marine, Henri-Louis Duhamel du Monceau, avec ses croquis d'architecture navale, ou encore Charles-Augustin de Coulomb, physicien et lieutenant colonel du Génie, tenant fièrement son invention, la balance électrique de torsion. Lavoisier et Fontenelle voisinent avec Emilie du Châtelet et Benjamin Franklin. Cette farandole de visages laisse entrevoir l'effervescence du milieu, et la diversité des domaines qui seront explorés sous les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI.
frottements ; on imagine des systèmes d'aqueducs, de pompes et de réservoirs. Louis XIV fait construire l'impressionnante "machine de Marly", qui permet de puiser l'eau nécessaire dans la Seine, et va même jusqu'à imaginer dévier les eaux de l'Eure au moyen d'un gigantesque aqueduc - un projet si ambitieux qu'il ne verra jamais le jour. Mais si Versailles doit sa splendeur aux sciences, celles-ci sont glorifiées à la hauteur de leurs accomplissements : les nouveaux satellites de Jupiter et Saturne, tout juste découverts par Römer et Cassini, figurent en bonne place dans le décor des Grands Appartements de Louis XIV, tandis que la garde-robe de Louis XVI est ornée de délicates dorures représentant machines à électricité, graphomètres à pinnules, pompes à vide et boussoles.
cour les premiers instruments pédagogiques. Les nombreux modèles réduits qu'il utilise pour instruire le dauphin, fils de Louis XV, laissent imaginer l'atmosphère studieuse du "Cabinet de physique des enfants de France", également créé en 1758. Cette éducation de plus en plus tournée vers les sciences porte ses fruits : érudits, Louis XV et Louis XVI se passionnent pour la géographie, l'astronomie ou la chimie, recherchant assidûment la compagnie des savants de leur époque. Dans ce qui semble être un cabinet-bibliothèque en trompe-l'oeil, on découvre l'extraordinaire collection d'instruments de Louis XV. La pendule astronomique de Passemant, dont le mécanisme demanda plusieurs dizaines d'années de recherche, éblouit par sa boîte de bronze doré richement travaillé et son délicat planisphère, une bulle de verre dans laquelle tournent les planètes. Louis XVI, quant à lui, se révèle passionné de géographie, mais aussi de chimie ou de physique : il consacre pas moins de dix pièces du château - laboratoires, cabinets, ateliers - à ces occupations, s'intéresse au voyage de Cook, fait des expériences sur l'électricité, et se passionne pour la serrurerie. 
