metteur en scène et journaliste, et Pierre Hivernat, directeur de la programmation des spectacles de la Grande Halle de la Villette à Paris, sont partis à la conquête de cet âme circassienne éphémère, ineffable, chatoyante, multiple. Le résultat tient en six-cent pages, et fait le tour de soixante-dix troupes, artistes et créateurs répertoriés par ordre alphabétique, interviewés et mis en images dans Panorama contemporain des arts du cirque, aux Editions textuel.
Mais tous n'ont pas la chance de disposer d'un propre chapiteau, souvent bien coûteux. Partie intégrante du cadre circassien traditionnel, cette arène circulaire où l'artiste tridimensionnel devient son propre point de référence, mais qui est aussi un symbole de l'autonomie et du nomadisme, a peu à peu cédé la place à la rue et aux installations permanentes. Ce qui reste ? L'inconditionnelle nécessité de créer un lien avec son public, de l'éprouver. Car le cirque est tout sauf un soliloque. C'est dans cette démarche que s'inscrivent les cinq larrons de la Compagnie Sacékripa, fondée en 2003 à leur sortie de l'école du Lido (Toulouse). Leurs spectacles "sur la dérision de la vie, sur les petites histoires qui font la grande, celles qui ne s'écrivent pas mais qui composent le quotidien" interpellent sans ambage ceux qui s'attroupent sur une scène ouverte, insaisissable et imprévisible : le trottoir. Egalement animé par son rapport au spectateur, dont il prend les attentes à rebours, le fondateur de Circo Aereo et plus généralement initiateur d'une scène finlandaise circassienne, Jani Nuutinen, a choisi, quant à lui, de matérialiser le retour aux sources par la réduction successive de son chapiteau. Il commence sa trilogie de spectacles en 2002 avec Un cirque tout juste présenté dans un chapiteau de vingt mètres de diamètre. En 2007 suit Un cirque plus juste, dans un chapiteau de dix mètres. En 2011, il faut s'attendre à Un cirque juste juste, sans piste tellement le lieu est réduit au strict minimum. Dans un espace aussi réduit, l'intimité entre l'artiste et son public n'est pas seulement inéluctable : elle devient support du spectacle, elle lui donne sens. Jani, personnage perché à la blondeur éclatante et à la musculature saisissante, comme lorsqu'il jongle avec des boules de canon de 3kg chacune, pousse sa recherche du minimum circassien également dans un autre domaine. Mais contrairement aux codes habituels du cirque comme famille, du collectif de passionnés solidaires les uns des autres, Jani assume son obsession pour la solitude artistique : "Quand je travaille sur mes solos, mon obsession est de tout faire moi-même. Je suis fou des détails. Je veux que tout soit comme je le souhaite et que l'idée exploitée soit parfaite et logique."
à l'américaine, le Cirque du Soleil fondé par le Québécois Guy Laliberté en 1984 rivalise de technicité pour offrir une esthétique époustouflante mais surtout une mise en scène sophistiquée, pour laquelle les metteurs en scène les plus en vue, comme Robert Lepage pour le dernier spectacle Totem, sont passés sous contrat. Mais aujourd'hui, le Cirque du Soleil est plutôt la règle que l'exception dans un univers circassien où la figure du metteur en scène ou du chorégraphe est devenue centrale. En repoussant ses limites, le cirque est devenu protéiforme. Les incontournables jongleurs, équilibristes, trapèzistes et autres fil-de-feristes s'ouvrent à d'autres formes artistiques telles que la danse, le théâtre, la poésie, les arts visuels.
permettant d'exprimer par le corps des sentiments et des émotions extrêmes, il est le seul capable de les transmettre physiquement au spectateur, au même titre que la musique et la poésie s'adressant à l'âme. L'audace ou la beauté de certaines acrobaties, alliées à l'expression de sentiments, ne sont plus alors des démonstrations de prouesses, mais l'expression physique d'émotions vraies que l'on fait partager au spectateur."
