Carambolages Grand Palais, Paris Jusqu'au 4 juillet 2016
– En deux mots
Et si on cessait un instant de se prendre au sérieux ? C’est sans conteste ce que propose Jean-Hubert Martin qui, avec l’exposition Carambolages, bouscule les habitudes muséographiques et propose un parcours aussi riche que ludique à travers 185 œuvres du monde entier.
Le diptyque satirique qui a été retenu pour la promotion de l’événement donne d’emblée le ton : Carambolages, c’est d’abord un magnifique pied de nez à toutes les expositions traditionnelles qui dominent chaque saison culturelle depuis des décennies. Ici, aucun peintre, aucun mouvement n’est à l’honneur : ce qui a guidé le choix des œuvres, c’est avant tout leur côté atypique et déroutant. On retrouve ainsi, dans cette étonnante sélection, une terrine de faïence en forme de hure de sanglier (P.6. Hannong), un coffret reliquaire suisse du XVIIe siècle, une sculpture composée de crucifix en bronze (Double Helix Crossed Crucifix de W. Delvoye), le portrait d’un duc doté d’un corps de paon (L.A. de Gontaut) ou encore des spectres japonais qui hantent certaines estampes d’Hokusai.
Pour guider le spectateur au cœur de ce curieux assemblage, un seul principe : celui de l’association d’idées. Exit les dates, les références aux lieux ou aux cultures ; chaque œuvre présentée est liée à celle qui précède et à celle qui suit par un point commun thématique, formel, chromatique ou matériel que le visiteur est lui-même en charge de retrouver. L’exposition se fait alors jeu et invite chacun à s’amuser de rapprochements plus ou moins incongrus et à scruter les œuvres d’un œil nouveau. De fait, aucun cartel ne guide ou ne conditionne le regard du spectateur : dans le parcours en zigzag imaginé pour cette exposition, c’est l’œuvre brute qui nous est donnée à voir, sans précision contextuelle ni explication. Peintures et sculptures peuvent alors être abordées pour ce qu’elles sont et pour ce qu’elles disent d’une certaine permanence de l’art, en dehors de toute catégorisation et au-delà d’une histoire des formes qui se montre parfois sclérosante. Du marabout au bout de ficelle, de la statuaire antique à la vidéo contemporaine, le spectateur joue et laisse libre cours à sa fantaisie pour penser sa propre histoire de l’art et dessiner lui-même les routes du voyage qui lui est offert.
Carambolages Jusqu'au 4 juillet 2016 Grand Palais, Galeries nationales 3, avenue du Général Eisenhower 75008 Paris 10h-20h (nocturne le mercredi 22h) Fermé le mardi Tarif plein : 13€ Tarif réduit : 9€