Mystère, empoisonnement, amour et rire, voilà ce que propose le cirque Le Roux avec The Elephant in the Room, qui s'est produit au mois de décembre dans l’enceinte du théâtre nîmois Bernadette Lafont et est en tournée à travers la France jusqu'au mois de mai. Quatre artistes et athlètes se partagent la scène, évoluant dans un espace mimant les années 30. Costumes, musiques et claquettes en font un music-hall haut en couleur, complet et surprenant (disponible également pour les malentendants).
En effet, le spectacle se présente comme une œuvre hybride et unique alliant danse, théâtre, cinéma, acrobaties... The Elephant in the Room est un de ces moments suspendus, où les corps s'expriment au rythme des notes dans une chorégraphie sublimant et renouvelant les arts du cirque. Ces mêmes corps deviennent les héros, ils complètent la narration, portant l'histoire d'un carré amoureux qui navigue entre la sensualité et l'érotisme. Les choix de mise en scène de Charlotte Saliou, du décor monochrome aux lumières vivantes, témoignent d'une recherche esthétique entre le film noir et le tableau mythologique. L'on peut aussi y retrouver l’influence de la comédie italienne dans le personnage du valet taquin, souvenir de l'Arlequin de la Comedia dell'arte. Les comiques de geste et de situation constituent le cœur de la représentation.
Mais bien que rappelant le vaudeville, elle s'en différencie toutefois dans la liberté interprétative qu'elle laisse au spectateur. La veuve incarne une image de la femme forte, séduisante et fatale, évoluant dans un milieu masculin dont elle est la maîtresse et l'enjeu. Il est ainsi possible de voir dans cette danse entre trois hommes et un femme une vaste métaphore des relations amoureuses et sexuelles, des rapports de force au sein du coulpe, une réflexion sur la place de la femme dans la société ou de ''simples'' prouesses physiques destinées à ravir l’œil. Toutes les réponses sont bonnes, l'art pouvant être défini comme un puits de sens où chacun y trouve ce qui parle le plus à sa sensibilité. Une complicité teintée de respect s’instaure alors avec le public. Il n'est donc pas surprenant qu'une majorité de la salle se soit levée pour faire une ovation au quatuor, car jamais on ne vit d'éléphants si gracieux.