Avatar : dessiner le futur du cinéma
Une décennie après l'onde de choc Titanic, James Cameron entend créer à nouveau l'événement avec Avatar, film de science-fiction en 3D. Quatre mois avant la sortie officielle du long métrage, il en a montré 17 minutes dans une sélection de cinémas à travers le globe. Il pensait calmer les ardeurs ? Loupé.
Comme si les obstacles s'envolaient sur son passage, le réalisateur James Cameron trace son chemin avec éclat : après l'utilisation révolutionnaire des images digitales dans Terminator 2, il avait explosé tous les budgets et repoussé les limites des effets spéciaux avec Titanic. Sans oublier, quelques années auparavant, The Abyss et son tournage dans un immense réacteur de centrale nucléaire inachevé reconverti en bassin (voir notre article sur les making-of). Mais rien n'est trop beau pour Cameron, qui voit toujours plus grand, toujours plus loin. Depuis Titanic, il y a douze ans, le cinéaste a surtout joué les producteurs, ne dirigeant que deux documentaires qui, rétrospectivement, ressemblent à des recherches préliminaires pour son dernier film : l’un sur le Titanic, realisé en 3D, et l’autre en partenariat avec la NASA, Aliens of the deep. À leur façon, ces deux films sont de parfaits traits d'union avec sa dernière création : Avatar.
Déjà culte
Avant même sa sortie, les qualificatifs hyperboliques ne manquent pas pour parler de ce long métrage qui a nécessité quatorze années de recherches et de travail, temps que Cameron a pu s'octroyer grâce aux recettes faramineuses de son blockbuster aux 11 Oscars. Le réalisateur ne produit donc plus que par passion, avec pour lubie particulière de vouloir repousser les limites de la technique. Son dernier défi est donc la 3D. Un peu tard, pourrait-on penser, alors que les films d'animations (Pixar, Dreamworks...) et en prises de vue réelles (films d'horreurs, comme My bloody Valentine, ou d'aventures pour enfants, comme Spy Kids) fleurissent peu à peu sur nos écrans. Rappelons que la technologie existe depuis un demi-siècle, et que même Alfred Hitchcock s'y était frottée, lors du tournage de Dial M for Murder. Mais c'est oublier que James Cameron tend à surpasser ses prédécesseurs, et à mettre la barre toujours plus haut. Il s'agit, avec Avatar, de réaliser le premier blockbuster pour adultes en 3D.
Pour créer l'événement, la machine marketing fonctionne à plein. Cameron a annoncé, à la surprise générale, lors de la convention geek des Comic-Con à San Diego la diffusion gratuite d’un trailer de 17 minutes. Une sorte de happening confidentiel... à l'échelle de la planète. Ceux qui ne pouvaient se rendre dans les "quelques" cinémas du monde entier participant à l'opération le vendredi 21 août doivent se contenter de deux minutes de trailer circulant sur la toile depuis la veille, qui entretiennent le mystère, et du buzz sur internet (le site officiel est régulièrement saturé). Quant aux privilégiés, ils ont pu découvrir six saynètes de la première moitié du film, chacune durant 2-3 minutes, et une série de flashs épileptiques pour donner un aperçu de la suite de l'histoire. L'occasion de dissiper quelque peu le brouillard.
Une nouvelle révolution
L'histoire se situe au XXIIe siècle, alors qu'un groupe de Marines est débarqué sur une nouvelle planète, Pandora (oui, comme la boîte), sorte de jungle-monde hostile peuplée de gigantesque sauriens et d'une population indigène alien : les Na'vi. Jake Sully (Sam Worthington), un vétéran paraplégique, se fait transférer l'esprit dans le corps d’un Na'vi, à l’instar du reste des volontaires par le docteur Grace Augustine (Sigourney Weaver). Ils forment ainsi un corps d'exploration avancé chargé de collecter le maximum de données sur la planète. Séparé accidentellement de son groupe, Jake est secouru par une Na’vi indigène (Zoé Saldana), qui l'intègre à sa tribu. Très vite, il va être déchiré entre les deux peuples. Pour le peu que l'on puisse en juger, d'après ce trailer extra-long, ce n'est donc pas l'originalité de l'histoire, qui lorgne du côté du Dernier Samouraï et Princesse Mononoké pour le fond de conflit technologie-nature, qui saute aux yeux.
C'est plutôt dans l'utilisation époustouflante de la 3D que réside tout l'intérêt du film : celle-ci rend les couleurs plus vives, tout en gardant le contraste de la 2D, et offre des séquences d'une beauté renversante. La scène nocturne où, une fois le feu éteint, la jungle s’illumine grâce aux plantes phosphorescentes, est d’une poésie à couper le souffle. Aucun film en deux dimensions ne pourrait obtenir la même impression, le même rendu. Et si les lunettes 3D pouvaient, jusqu'à présent, être particulièrement fatigantes pour les yeux, le travail colossal du réalisateur et ses équipes rend leur utilisation parfaitement naturelle.
James Cameron ne nous fait pas simplement croire à son histoire, il nous transporte tout simplement sur sa planète. La 3D n'est pas un gadget ou un argument publicitaire, comme c'est souvent le cas : elle devient un vrai outil de cinéma. Ce film marquera sans nul doute une étape majeure dans l'histoire du cinéma, au même titre que les premiers films sonores ou en couleurs. Il y aura un "avant" et un "après" Avatar.
Étienne Bauchet
Le 24/08/09
Avatar, film d'aventure américain en 3D de James Cameron
Avec Sam Worthington, Sigourney Weaver, Michelle Rodriguez...
Sortie le 16 décembre 2009
La bande-annonce du film
Crédits photos : Twentieth Century Fox