EN JUIN DERNIER, le Forum des Images a accueilli la deuxième édition du festival Mashup. A l’affiche : films et créations musicales produits à partir du découpage, de la manipulation et de l’assemblage de matériaux préexistants provenant de fonds documentaires, collections privées et archives, mais aussi d’une vaste gamme de supports désormais accessibles en ligne. L'Intermède est allé piocher dans cette caverne aux trésors - et sur le web - quelques pépites pour rendre hommage à ce genre encore trop peu connu du grand public. Qu'on connaisse ou pas les références, les mashups sont toujours épatants d'ingéniosité et d'humour. La preuve en 5 chapitres, pendant 5 jours. Moteur, action.
5. Frontières mouvantes
Les procédés du mashup se révèlent parfois de manière plus indirecte, le cas échéant lors d’un long plan-séquence destiné à brouiller les pistes et remettre en cause toute catégorie figée. Où s’arrête la citation ? Où commence le mashup ? La série Dream On elle aussi déplaçait les frontières : son héros, enfant de la télé, pensait et agissait en se référant sans cesse aux émissions de sa jeunesse, celles-ci finissant par contaminer la narration principale sans transition.
Dream On
Call me maybe / Payphone
4. Jeux vidéos (où la vitesse supersonique vient à bout du pauvre PacMan)
Que se passerait-il si... Sonic jouait à PacMan ? ... Et si Chuck Norris rencontrait Mario ? Le mashup ne se limite pas à la musique et au cinéma, il touche aussi le jeu vidéo, où les gamers prennent un malin plaisir à comparer les forces en présence, si possible sur des jeux vintage de leur enfance avec musique électronique et pixels à gogo.
Contra vs Duck Hunt
Sonic vs Pac Man
Chuck Norris vs Super Mario Bros
Marvel Super heroes vs Street Fighter
3. Archives
Manipulant photographies, archives d’actualité ou extraits de films célèbres, Jean-Gabriel Périot, Christian Marclay et Virgil Widrich proposent, par le biais d’un montage serré et pas toujours narratif, une œuvre à forte charge émotionnelle. Cette dernière vise aussi bien le spectateur averti, en mesure de saisir la complexité du jeu de citations, qu’un public vaste et hétérogène, susceptible d’être concerné par l’engagement politique qu’elle peut véhiculer…
Fast Film de Virgil Widrich
Eût-elle été criminelle...
Telephones de Christian Marclay
Craft de Christian Marclay
2. Bandes annonces (où le Docteur parle avec la grosse voix de Batman)
Que l'on s'amuse à faire correspondre des images d'un film à la bande son d'un autre ou que l'on imagine un tout autre scénario, le jeu de la fausse bande annonce se révèle souvent étonnant. En introduction de cette section, quelques fausses bandes annonces, hommages-parodies aux bandes annonces des films à très petit budget dits "Grindhouse" dans les années 1970 concoctées par Quentin Tarantino et son compère Rodriguez. Ames sensibles s'abstenir.
Grindhouse
Doctor Who/The Dark Knight
Star Wars/Pirates des Caraïbes
Avatar 2
1. Fanvid (où toute la vérité sur Dean, Sam et Castiel est révélée)
Parallèlement aux "fan fictions" (récits écrits par des fans autour de leurs fictions préférées) s’est développée la pratique du "fan vidding". Les fan vidders créent des vidéos à partir d’images de séries télévisées ou de films pour rendre hommage à un personnage, mettre en valeur un aspect de l’intrigue ou créer des histoires inédites. Avec l’évolution des technologies, le traitement des séquences, voire leur développement, a ouvert la voie à de nouvelles possibilités créatives. L’inventivité la plus audacieuse, elle, était déjà au rendez-vous depuis longtemps, qu’il s’agisse de revisiter les intrigues ou même de faire se rencontrer les séries dans des "cross overs". Ce que l’on appelle les "video slash" en revanche sont beaucoup plus jeunes. On y suggère, entre autres, des relations homosexuelles entre des personnages présentés comme hétérosexuels dans la série de départ, laissant s’exprimer ainsi toutes sortes de fantasmes.