À PEINE LES PARASOLS et les serviettes de plage sont-ils repliés qu'affluent dans toutes les librairies des dizaines de livres que les magazines littéraires plébiscitent ou conspuent. C'est la rentrée littéraire ! Mais si l'on a beaucoup commenté le dernier Gaudé, le nouveau de Vigan ou le Nothomb 2018, qu'en est-il des publications pour la jeunesse ? Afin que ces dernières, aussi riches que nombreuses, ne soient pas oubliées, L'Intermède vous invite à un petit voyage en sauts de puces à travers de beaux albums parus en septembre et octobre.
AVEC LES PUBLICATIONS pour les très jeunes, l’automne sera avant tout poétique. Poésie d’une forêt qui s’éveille et s’anime au fil des saisons, par exemple, avec La Feuille d’or de Kirsten Hall et Matthew Forsythe. Dans cet album aux doux camaïeux et avec de véritables dorures, les auteurs s’intéressent à une ribambelle d’animaux que l’apparition d’une feuille dorée met en émoi. De la fauvette qui la cueille au renard qui en récolte de petits morceaux, chacun s’en saisit et cherche à se l’approprier avant que sa destruction ne fasse comprendre à cette faune attristée que nul n’est possesseur des magies de la nature. Mais comme il n’est jamais qu’un printemps, l’automne reparaît et la feuille pousse à nouveau, préservée des convoitises, pour illuminer toute la forêt.
CETTE IDÉE DE LUMIÈRE, de cycle et de renaissance du monde, nous la retrouvons dans Bonjour la Petite Bête d’Antonin Louchard. Toutefois, dans cette nouvelle aventure du petit personnage, il ne s’agit pas de voir filer les saisons mais de contempler le jour se lever. Avec la tendresse et la malice qui lui sont coutumières, Antonin Louchard fait de son héroïne celle qui fait briller le soleil. Ainsi, au matin, comme le petit prince de Saint-Exupéry ramone ses volcans, la petite bête gonfle l’astre-ballon et le libère dans le ciel pour éclairer et saluer sa minuscule planète.
AUTRE ALBUM, AUTRE RÉVEIL avec Merci, Miyuki ! de Roxame Marie Galliez et Seng Soun Ratanavanh. Ici, c’est surtout la beauté et l’extrême poésie des images qui attirent l’attention. Autour de la question de la méditation et des bonheurs simples du quotidien, l’illustratrice nous invite à une véritable plongée au cœur d’un japon onirique où abondent fleurs, oiseaux et carpes. Quand Miyuki, la jeune protagoniste, interrompt son grand-père en plein exercice de yoga, elle apparaît, moineau impatient, perchée sur une branche de cerisier. De là, elle se retrouve assise dans une cage puis parcourant le contour de sa tasse de thé avant de marcher de fleur en fleur et d’éclore dans les mains de son aïeul. Un parcours remarquable qui s’achève devant les étoiles et le ciel immense où se fondent les personnages et une belle leçon sur la place de l’homme dans l’univers.
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À lire et à jouer
L'AUTOMNE SERA AUSSI LUDIQUE avec une série de livres à jouer ou à chanter. Ainsi, Jörg Mühle reprend son personnage phare dans Sèche tes larmes, Petit Lapin ! De même que le jeune lecteur était invité à baigner ou à coucher l’adorable animal, il doit désormais le consoler après une mauvaise chute. Souffler sur la plaie, y poser un pansement, réciter une formule magique à base de "crotte de lièvre" et moucher le malheureux blessé sont autant de missions qui lui sont confiées et l’amuseront.
DES MISSIONS, IL Y EN A ENCORE QUANTITÉ dans le Cache-cache surprise de Ramadier et Bourgeau. Dans ce cherche et trouve, le loup menace de dévorer de nombreuses proies. Aux petits cochons, lapins, chèvres, moutons et biches de se cacher et aux lecteurs de les repérer ! C’est d’autant plus important qu’un loup se fond dans le paysage de chaque page et que les animaux ne devraient pas se laisser surprendre !
APRÈS LES CHUTES ET LES COURSES-POURSUITE, c’est la musique qui s’empare du livre dans Tout le monde danse de Matthieu Maudet. Pour ce nouvel album, ce fidèle de L’Ecole des loisirs confie des instruments de musique à toute une ménagerie. Un chat à la contrebasse, un crocodile à la guitare, une araignée au xylophone ou encore un éléphant aux maracas et tout le monde de danser aux "dông dôô", "tzing", "tong" et "tchiki tchic" de cet étonnant orchestre jusqu’à ce que les enfants s’emparent des instruments et envahissent la chambre parentale. Un pur moment de joie cacophonique !