The King of Pop is dead
A moins d’avoir vécu reclus dans une grotte ces dernières semaines, vous n’êtes pas sans savoir que le monde a perdu un de ses rois, en l’occurrence le Roi de la Pop, the King of Pop en VO. Un tragique événement couvert par la planète entière. Depuis le Pape Jean-Paul II, rarement une disparition avait suscité l’intérêt et l’émoi de la population.
Donc oui, Michael Jackson s’en est allé au paradis des rock stars. Il va pouvoir enfin être tranquille. N’y voyez là aucune forme de cynisme ou de dédain de la part de l’auteur de ces lignes. Il aime Michael Jackson et ce depuis qu’il a l’âge d’écouter et d’apprécier la musique. Vu son âge, il a connu l’ascension de celui que tout le monde s’amuse à appeler Bambi. Comme beaucoup il a tapé du pied et essayé (son anglais n’étant pas à l’époque ce qu’il est aujourd’hui) de chanter les refrains de Beat It ou Billie Jean.
Comme beaucoup, il fut surpris, à l’époque, de la transformation physique dont le chanteur fut victime à la fin des années 80, transformation qui l’a vraiment rendu Bad et qui l’a fait passer pour un Smooth Criminal. Comme des milliards d’autres musiciens avertis, il fut subjugué de voir que ce monsieur avait non seulement le talent pour écrire des tubes immortels mais aussi pour s’entourer d’excellents musiciens que ce soit en studio (Jeff Porcaro, David Paich ou Steve Lukather tous trois de Toto, Eddie van Halen, Slash) ou en concert (Ricky Lawson, Jennifer Batten, Freddie Washington). Michael Jackson avait vraiment le nez creux pour dénicher des musiciens à la hauteur de son égo : pour en mettre plein la vue bien entendu mais aussi plein les oreilles. Le terme d’éponge musicale n’a jamais aussi bien sied qu’à Bambi. Rares sont ces artistes qui sont capables de passer de la plus progressive et la plus riche des branches du rock à la plus sucrée des mouvances pop voire au reggae tout en gardant leur identité. Frank Zappa et Queen en leur temps étaient capables de tels coups de poker et MJ en a fait autant. De la soul old school de The Girl is Mine à la pop suave de Liberian Girl et Heal the World en passant par les brûlots métalliques que sont Beat It ou Dirty Diana, cette faculté à rebondir d’un style à un autre en a surpris, enchanté, écœuré plus d’un (rayez le verbe inutile). Si Queen avec Bohemian Rhapsody avait en son temps révolutionné le vidéo clip, Michael Jackson l’a, lui, tout simplement élevé a un degré supérieur. Vous avez tous en mémoire le mythique court métrage (quatorze minutes !) de Thriller, l’émeute souterraine de Bad et les trésors de technologie que sont Black or White et Remember the Time. Des perles de création et d’inventivité rarement égalées à ce jour. Mariah, Britney, Christina ou Miley peuvent retourner jouer au bac à sable, elles ne boxent pas dans la même catégorie, d’autant plus que ces petits chefs d’œuvre audio-visuels sont tellement réussis que les répercussions sur les ventes sont incroyables : 60 millions d’exemplaires de Thriller, du jamais vu.
Comme beaucoup, l’auteur de ces lignes fut atterré de voir qu’un homme comme lui n’eut pas de réelle enfance, la faute à un père tortionnaire qui l’a privé d’innocence pour l’exposer très tôt sous le feu des projecteurs. Ce que votre serviteur n’a pas apprécié, c’est qu’on charge un artiste qui a fait danser, chanter, pleurer la terre entière pour une sombre histoire de pédophilie. Une personne lambda aurait suscité l’indifférence, là c’était l’occasion rêvée pour taper sur du people. Personnellement, la vie privée de Michael Jackson ne l’intéresse pas, au même titre que le tissu d’idioties qu’il a pu lire dans Télé 7 jours aujourd’hui comme quoi il aurait subi 80 opérations de chirurgie esthétique… et on s’offusque ? He oh ? Cher, ça vous dit quelque chose ?
Comme pour beaucoup, c’est une page de la vie de votre serviteur qui se tourne avec sa disparition. Il avait ressenti le même vide 18 ans auparavant à l’annonce du décès de Freddie Mercury. Sans être accro à sa musique, il l’appréciait tout autant et aujourd’hui il n’écouterait probablement plus Thriller ou Bad de la même manière. Il écoutera ces disques en imaginant probablement Michael Jackson interpréter ses tubes immortels avec Freddie Mercury, John Lennon, Frank Zappa ou encore Rick Wright. Quoi qu’il en soit, il a mérité sa place au panthéon des génies trop tôt disparus et va pouvoir ENFIN se reposer après toutes ces années passées à être traqué par les médias.
Certains retiendront, pour l’histoire, les excentricités d’une diva de la musique (visiblement ceux-là ne connaissent pas Elton John ou Mariah Carey), d’autres se souviendront du talent unique de composition, d’arrangement et de production de cet artiste unique en son genre. Et l’auteur de ces quelques paragraphes se range volontiers à cette catégorie pour clamer haut et fort : the King of Pop is dead, long live the King.
Brought to you by the letters D.A.N.
Texte et Photo Dan
Le 19/07/2009