L`Intermède
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APR
ÈS UNE SORTIE REMARQUÉE AU QUÉBEC en septembre 2011, le nouveau film de Jean-Marc Vallée, Café de Flore, arrive aujourd'hui sur les écrans français. Une traversée de l'océan que l'on retrouve dans cette histoire d'amour(s) entre un Paris passé et un Montréal présent, reliés par une ritournelle qui fait tourner la vie des personnages en boucle.

Par Julien Walterscheid-Finlay


café de flore, café, flore, film, cinéma, jean-marc vallée, vallée, jean-marc, vanessa, paradis, vanessa paradis, photo, photos, critique, analyse, interview, histoire, synopsis, castingTOUT VIENT DES NOTES répétitives de cette "tune", comme on dirait au Québec, de Matthew Herbert qui en signe également une version électro sous le pseudonyme de Doctor Rokit. Une musique qui a inspiré à Jean-Marc Vallée le scénario de Café de Flore et qu'il brode par-dessus, mélangeant les années comme les personnages qui se retrouvent toujours accompagnés par le son. Musique lancinante, entraînante, envoûtante, "qui donne envie de faire l'amour" comme le dit Antoine, DJ international à qui tout sourit, incarné par Kevin Parent. Et de voyager. Car des traversées, le récit en est rempli. Entre les époques, les villes, les âmes. Il faut toujours prêter une oreille attentive afin de ne pas perdre le rythme saccadé et discontinu de ces vies tourmentées. Il ne s'agit pas uniquement d'entendre mais également d'écouter et d'être attentif, telle Jacqueline, jouée par Vanessa Paradis, mère de Laurent (Marin Gerrier), un enfant trisomique dont les babillages sont rarement compris des autres et à qui, lui aussi, tout sourit. Deux êtres heureux, donc, semblables en de nombreux points et que seule la conscience du bonheur sépare.


Balançoire


LAURENT N'A PAS LES MOYENS de comprendre et aime naïvement, naturellement, ceux qui lui ressemblent. "Qu'est-ce qu'on connaît de l'amour à 7 ans ?", lui demande sa mère, jalouse. Mais qu'est-ce qu'on en connaît à quarante ? Du tourne-disque à l'iPod, la musique s'accélère quand les histoires s'enchaînent, dévoilant des amours interdites dont tous cherchent la porte de sortie, hantés qu'ils sont café de flore, café, flore, film, cinéma, jean-marc vallée, vallée, jean-marc, vanessa, paradis, vanessa paradis, photo, photos, critique, analyse, interview, histoire, synopsis, castingpar leurs passés. Des histoires d'hier qui se trouvent reliées de manière logique mais inattendue dans la deuxième partie du film et qui tardent à se dévoiler, ce qui pourrait en perdre plus d'un en route, bien que la cadence du jeu des acteurs ait le mérite de tenir le spectateur en haleine jusqu'au point de chute, là où le volume est au plus haut et où tout s'éclaire.

CLAIR COMME CE CIEL toujours bleu traversé par les voyages d'Antoine qui répète inlassablement "What the fuck am I doing here ?", lorsque le doute l'envahit. Laurent, à l'inverse, vit son bonheur pleinement et se satisfait de la balançoire sur laquelle il chante sans s'épuiser : "Au ciel, au ciel !" Balancement des cœurs et des gens qui ne savent expliquer pourquoi la vie les a fait se rencontrer, s'il y
avait là une raison, un dessein, une altérité partagée. De l'amour donc, encore et toujours, et sous toutes ses formes : Amour inconditionnel, amour maternel ou encore amour fusionnel. Jacqueline ne vit que pour son fils, peu importe son handicap, et Antoine pour sa nouvelle femme (Evelyne Brochu), peu importe son ancienne.


Puzzle


L'HISTOIRE POURRAIT ÊTRE AUSSI SIMPLE et suivre son fil. Mais les petits détails finissent toujours par prendre de l'importance et ce qui semble de prime abord secondaire devient un élément perturbateur majeur. L'arrivée de Véronique, autre enfant trisomique, bouleverse le couple quasi-incestueux mère/enfant, de même que l'omniprésence de Carole (Hélène Florent), la première femme, bride toute promesse d'évolution pour le nouveau couple. Une valse des corps qui ne peut que semer le doute chez les personnages, rappelant d'une certaine manière "Stairway To Heaven" de Led Zeppelin. Ces marches,  Vanessa Paradis les dévale quotidiennement dans l'unique but de voir son fils vivre.

DÉJÀ AVEC C.R.A.Z.Y., Jean-Marc Vallée signait une œuvre dans laquelle la musique était partie prenante de l'histoire. Il récidive et va même au-delà, tant la diversité de la trame sonore constitue cette fois un voyage temporel à elle seule. "Pictures of You" de The Cure trouve ici tout son sens. La musique est le personnage principal, qui hésite parfois, se fait sentir et attendre ou surprend, jouant son rôle de madeleine proustienne et invitant à se remémorer, voire à se perdre dans les souvenirs. "J'aime couper la musique pour que ce qui suit soit encore plus intense", déclare Antoine. C'est bien quand les choses s'arrêtent et que les gens partent que tout le reste fait sens. C'est quand le générique apparaît comme dans les interstices de l'image que le puzzle du film se complète. Avec ses deux heures pile, donc 59 minutes de musique, Café de Flore n'est pas sans rappeler une playlist, ou la café de flore, café, flore, film, cinéma, jean-marc vallée, vallée, jean-marc, vanessa, paradis, vanessa paradis, photo, photos, critique, analyse, interview, histoire, synopsis, castingmixtape d'autrefois, celle du jeune amoureux qui déclare sa flamme à sa conquête. De l'oeil à l'oreille. Et inversement.

J. W.-F.
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à Paris, le 25/01/2012

Café de Flore
Drame québécois de Jean-Marc Vallée
Avec Vanessa Paradis, Kevin Parent, Marin Gerrier...
2 heures
Sortie le 25 janvier
2012
 



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