L`Intermède
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DE GIOTTO A RAPHAEL en passant par Botticelli, Léonard ou Michel-Ange, nombreux sont les peintres de l'Italie renaissante que la postérité a couronnés. Mais parmi ces maîtres incontestables, il en est un dont le nom résonne encore trop peu dans les conversations du grand public. Pourtant, Cima da Conegliano (1459/1460-1517/1518), que "sa position charnière entre Bellini et Titien a maintenu dans l'ombre" selon Cécile Maisonneuve*, mérite sans conteste d'être remis sur le devant de la scène. C'est ce que se propose de faire le musée du Luxembourg dans la magnifique exposition qu'il consacre au peintre jusqu'au 15 juillet 2012.
 
Par Marion Point

cima, cima da conegliano, conegliano, italie, renaissance, musée, exposition, luxembourg, rétrospective, couleur, biographie, peinture, toile, peintures, image, images, citation, saint, sainte, viergeCE QUI FRAPPE AVANT TOUT, dans l'œuvre prolifique de ce peintre Vénitien, c'est la douceur et la sérénité qui se dégagent de ses personnages. Virtuose dans le maniement de l'huile, Cima parvient à restituer sur ses toiles des détails d'une précision extrême et, par là même, explique Cécile Maisonneuve, à traiter "avec un soin fascinant les visages, les séquelles laissées par le temps, les expressions et les regards, qui donnent à ses peintures une profonde humanité". Qu'il s'agisse de ses Vierge à l'Enfant ou des saintes des grands retables, les visages de ces femmes dégagent une poésie aussi intense que ceux d'un Botticelli.


Modeler par la couleur

AUSSI EST-IL DIFFICILE de résister au charme délicat d'une sainte Catherine (dans Vierge à l'Enfant entre saint Jean-Baptiste, saint Nicolas, sainte Catherine, sainte Apolline, saint François et saint Pierre) ou d'une Sainte Hélène dont les boucles dorées encadrent un visage tout de grâce. La carnation douce, les traits subtilement modelés et surtout la même douceur dans le regard donnent à ces deux femmes peintes une beauté et une sérénité fascinantes. Tel est aussi le beau visage incliné de la Vierge à l'Enfant de 1490-1493. Enveloppée dans un grand manteau lapis-lazuli, Marie se penche sur son fils qu'elle tient assis sur ses genoux. L'ombre légère que son châle porte sur sa peau souligne la douceur des coloris et accentue la pureté de la ligne, tandis qu'une lumière venue du paysage irradie ses sourcils gracieusement arqués, ses yeux mi-clos et son menton délicatement dessiné.

CIMA NE DOIT PAS son succès auprès de ses contemporains à la seule perfection des corps et des visages qu'il représente ; ses œuvres rayonnent aussi par l'éclat de leurs couleurs. "Nul autre peintre à Venise, précise Cécile Maisonneuve, n'a su avant lui explorer avec autant d'habileté les savants mélanges de pigments au moyen desquels il obtient des teintes allant du jaune à l'orangé." Il suffit d'observer le manteau de saint Jacques, dans L'Archange Raphaël et Tobie entre saint Jacques le Majeur et saint Nicolas de Bari, pour être convaincu de la virtuosité de l'artiste en la matière. De l'orange très sombre au jaune lumineux, Cima utilise toutes les ressources de sa palette pour façonner les plis de l'étoffe.

cima, cima da conegliano, conegliano, italie, renaissance, musée, exposition, luxembourg, rétrospective, couleur, biographie, peinture, toile, peintures, image, images, citation, saint, sainte, viergeCETTE TECHNIQUE DE MODELAGE par la couleur bénéficie aussi à son célèbre Saint Sébastien, à ceci près que ce n'est plus du tissu dont il est cas dans cette huile, mais de la chair même du saint, qu'un travail sur l'ombre et la lumière parvient à dessiner subtilement. Ainsi modelé, le corps du saint frappe d'autant plus qu'il se détache d'un lumineux fond bleu que quelques nuages épars rendent presque tangible. Tout le talent de coloriste de Cima tient là : donner corps à la peinture en jouant de glacis et de touches discrètes. Une étude en laboratoire indique d'ailleurs que ce qui distingue le maître de ses disciples est la finesse et la précision avec lesquelles il superpose les couches de peinture formant les yeux de ses personnages. Une touche de lapis-lazuli sur de l'azurite lui suffit alors pour donner vie et humanité aux regards d'un saint Jacques ou d'un saint Roch.



La nature à l'œuvre

CET ART DE LA COULEUR, Cima le met aussi au service des paysages auxquels il accorde une réelle importance. Loin de n'être que des toiles de fond devant lesquelles défilent ses personnages peints, ils sont le fruit d'un travail toujours plus approfondi et révèlent toute la sensibilité de l'artiste. Les arcades devant lesquelles se trouve l'ange de L’Annonciation ou l'arrière-plan du Baptême du Christ ouvrent ainsi sur une nature dont l'atmosphère et les reliefs sont traités avec soin et, outre une lumière caractéristique à sa ville natale, on y reconnaît, comme dans la plupart de ses huiles, certains éléments du paysage vénitien qui reviennent comme des leitmotive. Le château de Conegliano et le sommet du mont Endymion parcourent ainsi la totalité d'une œuvre dans laquelle Cima a su mêler avec brio figures imaginaires et décors réels.

"DE FAÇON GÉNÉRALE, ajoute Cécile Maisonneuve, l'œuvre de Cima contribue à donner à la peinture des paysages un souffle nouveau. Il est l'un des premiers peintres italiens à les décrire avec une pareille attention au réel, à la topographie, à la lumière qui les exalte, depuis celle cristalline du petit matin jusqu’à celle plus dorée d'une fin d’après-midi. Nul autre avant lui n'a su si bien rendre, avec une telle cima, cima da conegliano, conegliano, italie, renaissance, musée, exposition, luxembourg, rétrospective, couleur, biographie, peinture, toile, peintures, image, images, citation, saint, sainte, viergepoésie, l'atmosphère argentée et légère de la Vénétie". Avec de tels talents, il n'y a donc nulle surprise à ce que le jeune Giovanni Battista Cima, enfant d'une famille d'artisans peu prédestiné à une grande carrière, devienne pourtant dès les années 1490 un peintre reconnu. Considéré très tôt, grâce à ses grands retables et à ses Vierges à l’Enfant, comme le maître incontesté de l'art sacré vénitien, il a su rivaliser avec Bellini et Giorgione et influencer par la suite de nombreux peintres italiens.

M.P.

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à Paris, le 02/07/2012

Cima Da Conegliano, maître de la Renaissance vénitienne
Jusqu'au 15 juillet 2012 
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard
75006 Paris
Tlj 10h-19h30 (nocturne Ven 22h)
Plein Tarif : 11 €
Tarif Réduit : 7 € 50

Rens. : 01 40 13 62 00

* Catalogue de l'exposition

 




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Crédits images et légendes :
Vignette sur la page d'accueil : Saint Jérôme dans le désert Cima da Conegliano Milan, Pinacoteca di Brera © Archives Alinari, Florence, Dist. Service presse Rmn– Grand Palais / Maura Magliani
Image 1 : Vierge à l'Enfant Cima da Conegliano Florence, Galleria degli Uffizi © Archives Alinari, Florence, Dist. Service presse RMN– Grand Palais / Daniela Camilli
Image 2 : Le Christ couronné d'épines Cima da Conegliano Londres, The National Gallery © The National Gallery, Londres. Dist. S. presse RMNGP / National Gallery Photographic Department
Image 3 : L'Incrédulité de saint Thomas et l'évêque saint Magne Cima da Conegliano Venise, Galleria dell'Accademia © Soprintendenza speciale per il Polo Museale di Venezia, Galleria dell’Accademia