
C'EST LÀ LE CONTENU descriptif d'un "appel à communication" pour un colloque au mois de septembre 2010, qui peut servir de prétexte pour réfléchir à la notion d'ornement en littérature. Que pourrait bien traduire un tel dispositif ? Comment se manifesterait-il ? Questions incertaines car l'ornement et son histoire semblent essentiellement liés aux arts de l'espace, aux arts graphiques, à l'architecture… En accordant crédit à ces propos épistémologiques, censés définir le regain d'intérêt actuel pour l'ornement, je ferai l'hypothèse qu'une œuvre littéraire comme celle de Jean-Philippe Toussaint semble leur correspondre assez intimement. Moins d'ailleurs pour faire une critique qualitative de cette production romanesque que pour essayer de proposer une épistémologie de ce qui aura été un courant représentatif, parmi d'autres, de la création littéraire en France, à la fin du XXe siècle : courant baptisé par la presse comme étant le fait de "Nouveaux nouveaux romanciers", d' "écrivains minimalistes" ou encore d'écrivains "postmodernes" précisément. "Minimalisme" de l'intrigue, revalorisation de "l'apparence", labilité manifeste, revendiquée d'ailleurs du propos, "acceptation cynique de la société de consommation", "épicurisme", "vitalisme", etc. ; autant d'éléments qui peuvent apparaître comme lieux communs, comme attestation d'une proximité d'écriture chez certains écrivains, contemporains les uns des autres (Echenoz, Deville, Chevillard, Gailly, etc.), tous publiés dans les années 1980 aux Editions de Minuit.
ouvrage L'art et ses agents, une théorie anthropologique (4), Gell développe un chapitre sur la notion d'indice et, très vite, cette notion employée en relation avec celle de motif glisse vers une troisième notion : celle d'ornements précisément, tels qu’ils apparaissent dans les arts décoratifs mai aussi dans les tatouages, les décorations, peintes ou incisées sur le corps.
que du destinataire. Le devenir ornement de la signature signifie, anthropologiquement, le passage d'une conception du monde comme texte lisible à celui d'un palimpseste dont le texte est partiellement effacé, ou n'apparaît plus que comme trace… (9) Chez les écrivains "minimalistes" rapidement définis précédemment, la trame fictionnelle est émaillée d'accidents fictifs, de détours narratifs qui la disloquent mais, eu égard à son inconsistance intrinsèque, cette dislocation n'implique aucune "résistance cognitive".
Toussaint peut ressentir. Le fait de raconter quelque chose au sujet de quelque chose remplit, certes, le temps fictif et celui de la lecture mais personnage et lecteur historique réalisent sans doute que ce temps plein était vide. C'est ce que constate Lars Svendsen dans sa Petite Philosophie de l'ennui, lorsque commentant (pour le critiquer partiellement d’ailleurs) le concept heideggérien d'ennui, il écrit : "L'ennui profond se caractérise par le fait que la situation en tant que telle est là pour tuer le temps, c'est pourquoi l'ennui ne peut pas se comprendre comme étant le résultat de quelque chose dans cette situation." L'ennui doit par conséquent s'appréhender comme quelque chose qui s'élève du Dasein lui-même : "L'ennui jaillit de la temporalité du Dasein." (11)


