Le temps des cerises
entrecoupent de manière inattendue le récit principal. Le choix d'une économie matérielle dans la mise en scène et la maîtrise du jeu d'acteur - qui n'en est pas un, justement - semblent atteindre le but premier de toute représentation qui se voudrait à la fois bienfaisante et nécessaire : abriter dans un lieu tiède et retiré la possibilité d'un partage, d'une entente commune susceptible de brouiller les clivages entre les mots et les choses, la littérature et la vie.
nous vivons dans une époque hantée par les disparitions. Qu'elles soient matérielles - les témoins directs des grandes catastrophes qui ont marqué le XXe siècle - ou qu'elles résultent d'une rupture invisible dans les modalités de conservation de toute mémoire communautaire et transgénérationnelle - à titre d'exemple, le progressif détachement du sujet vis-à-vis du passé dont il est issu, au sein des sociétés capitalistes les plus avancées -, ces disparitions nourrissent, pour reprendre les mots de Nafi Salah, "un questionnement d'aujourd'hui qui interpelle aussi demain".
