Ecrit et mis en scène par Ariane Mnouchkine Version restaurée inédite 4K Réédition le 20 septembre 2022
– En deux mots
En 1978, Ariane Mnouchkine, fondatrice du Théâtre du Soleil, présentait au Festival de Cannes Molière – biopic retraçant la vie du comédien et metteur en scène – qui convoquait 120 comédiens, 600 figurants, 1300 costumes et 220 décors, pour dépeindre en quatre heures les aventures de ce géant du patrimoine culturel français, tout autant que les conditions de vie et de la représentation théâtrale au XVIIe siècle. Le 20 septembre prochain, ce film culte fera l’objet d’une réédition collector en trois DVD – et pour la première fois en Blu-ray – avec un supplément de deux heures de bonus, à l’occasion de l’anniversaire des 400 ans de la naissance de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière.
Molière et son siècle, tel est le projet de cette fresque dans laquelle Ariane Mnouchkine met en scène, de sa prime enfance à sa mort, le comédien, metteur en scène et directeur de troupe – incarné par Philippe Caubère – accompagné de ses compagnons de route. Entre misère et gloire, le spectateur partage sa découverte de la farce et du théâtre de foire – lorsque son grand-père l’emmène avec ses frères et sœurs à la foire St-Laurent où se produit Scaramouche –, ses premières tentatives théâtrales, ses échecs, la fondation de « L’Illustre Théâtre », ses relations avec les gens de pouvoir – Le Prince de Conti, Monsieur, Louis XIV qui lui accordent leur protection –, ses succès et ses combats. Si le génie de Shakespeare est tel qu’on ne connaît pas l’homme du tout, Molière, lui, est proche de nous.
Ce qui est saisissant pour le spectateur, c’est la manière dont le film permet d’éclairer la compréhension de son œuvre, qu’il s’agisse, entre autres, de son aversion pour les médecins – mis en scène dès le décès de sa mère – ou pour les dévots – qui interdisent la tradition du carnaval pour bannir le péché tandis que Jean-Baptiste fait son droit à Orléans – et le fanatisme religieux. Mnouchkine met d’ailleurs en scène un jeune homme qui apprend bien plus du théâtre populaire, de la farce, de la fréquentation des forains que celle de l’Université. Cela n’est pas sans rappeler la subordination des institutions académiques aujourd’hui à nombre d’autres contextes culturels, moins anachroniques, et plus honnêtement ancrés à ce qui se passe dans le monde. Dans les années 1630, c’est au contact des Béjart, de la culture populaire et de ses nombreuses rencontres que le jeune Poquelin s’épanouira pour devenir Molière. Le film d’Ariane Mnouchkine met par la suite en lumière dans « La deuxième époque : 1653-1673 » combien Louis XIV a « confisqué » cette culture populaire en subordonnant les artistes au pouvoir.
Cette épopée grandiose témoigne également de la vie du XVIIe siècle, où se heurtent dévots et libertins, paysans et courtisans, au sein de laquelle un homme passionné, précurseur de son époque, et modèle de courage, mène une lutte incessante pour exercer son art en des temps de répression et d’hypocrisie. Pour la réalisatrice, Molière symbolise « ce que tous les artistes sont contraints de faire en dictature : un mélange de ruse, de courage, et de soumission. De séduction, de compréhension, aussi. Molière est un homme intelligent et par conséquent, il lutte ».
Tout autant drôle que dramatique voire épique, Molière est aussi une formidable aventure artistique et humaine qui a duré deux ans. Le film vient d’être restauré en 4K par les laboratoires Eclair, et le DVD propose des bonus exclusifs : des entretiens avec Ariane Mnouchkine (2004 & 2021) et Philippe Caubère (2022), un making-of filmé à la Cartoucherie (archives INA 1978), ou encore une version commentée par la réalisatrice : de quoi découvrir ou redécouvrir les secrets de ce chef d’œuvre du cinéma français.
Dans les années 1630, c’est au contact des Béjart, de la culture populaire et de ses nombreuses rencontres que le jeune Poquelin s’épanouira pour devenir Molière. Le film d’Ariane Mnouchkine met par la suite en lumière dans « La deuxième époque : 1653-1673 » combien Louis XIV a « confisqué » cette culture populaire en subordonnant les artistes au pouvoir.
