L`Intermède
Le choix de la rédaction de L`Intermède

Séquence 8
Un spectacle de nouveau cirque
Par la compagnie québecoise Les 7 doigts de la main

Au casino de Paris

Jusqu'au 17 mars 2013


En deux mots
Séquence 8, Les 7 doigts de la main, nouveau cirque, casino de Paris

Séquence 8 est la huitième création de la troupe québecoise Les 7 doigts de la main. Ce collectif, fondé en 2002, propose un nouveau regard sur l’art du cirque, ses dispositifs scéniques, et la relation entre l’acrobatie, le théâtre, la poésie visuelle, et, d’une certaine manière, la philosophie.

Car il ne s’agit pas d’un spectacle traditionnel de cirque, dans lequel le plaisir proviendrait pour l'essentiel des prouesses techniques et physiques d’artistes trop maquillés sous une lumière trop claire. Au contraire, les six garçons et deux filles du spectacle Séquence 8 défient les lois du genre, en plus de celles de la gravité et de la pesanteur des corps.

Le choix de la scène du Casino de Paris permet une grande proximité avec le public, une distance réduite entre la scène et la salle, qui favorise, avec le décor simple mais poétique fait de quelques cadres vides placés au fond de la scène et d'un bureau sur lequel est posé un vieux microphone de station radio, un contact immédiat, et presque charnel déjà, avec les membres de la troupe. Les premières minutes sont à l’image de cette impression : pas de lever de rideau solennel, mais au contraire le discours presque timide d’un jeune homme en cravate – il s’en débarrassera bien vite – qui nous propose de regarder le spectacle comme une tentative de communication, d’échange entre les actions de la scène et les réactions de la salle. Les choix des musiques prolongent cette vision moderne des possibilités nouvelles du cirque : l’un des tableaux est accompagné du classique sulfureux de jazz « Cry me a river », écrit par Julie London, et qui permet ici d‘ajouter encore de la mélancolie et du désir dans ce qui est joué sur scène, tandis qu’un autre tableau, plus comique, est ponctué d’un passage du désormais trop célèbre, mais jouissif pendant ces quelques secondes, « Gangnam style » de Psy.

Les numéros, ou plutôt les tableaux, car il s’agit véritablement d’une suite de tableaux vivants, chacun ayant son propre thème et sa propre identité visuelle, ne présentent pas seulement des exercices connus du cirque. Le numéro de barre russe est ainsi un moment de déchirement amoureux pour la funambule entre les deux garçons qui soutiennent la barre ; le cerceau, quant à lui, donne lieu à un moment hypnotisant et sensuel de poursuite d’un projecteur lumineux, qui balaie la scène au rythme des courbes tracées par le cerceau et le corps de l’artiste. L’ensemble du spectacle, que la compagnie présente sur son site accompagné d’une citation de Jung, “La rencontre entre deux personnalités est comme le contact entre deux substances chimiques ; s’il se produit une réaction, les deux en sont transformées ”, exprime par le corps les troubles et les élans de l’émotion, l’angoisse que peut provoquer un mot chuchoté à l’oreille, la paralysie d’un transfert d’énergie soudain, ou l’émerveillement d’un saut vers l’autre.

 
S.D.R.

Voir le site officiel du théâtre

 




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