Un dédale à restructurer Le Musée Picasso ferme ses portes le 23 août pour travaux, et ne les ouvrira à nouveau qu'en 2012.
"Moi, je vise toujours à la ressemblance… Un peintre doit observer la nature,
mais jamais la confondre avec la peinture. Elle n’est traduisible en peinture
que par des signes. Mais on n’invente pas un signe. Il faut fortement viser à
la ressemblance pour aboutir au signe. Pour moi, la surréalité n’est autre
chose, et n’a jamais été autre chose, que cette profonde ressemblance au- delà des formes et des couleurs sous lesquelles les choses se présentent." Propos de Picasso cité par Brassaï, Conversation avec Picasso, Paris
Gallimard, 1964, p. 198
Picasso n’a cessé d’explorer des voies artistiques, d’essayer, de chercher. Son œuvre n’est pas linéaire, elle est une sorte d’éventail des possibles. Le Musée Picasso à Paris qui lui est consacré, à travers une importante collection, restitue précisément ce foisonnement et cette diversité des œuvres de l’artiste. De la période bleue au cubisme, des tableaux aux sculptures, en passant par les papiers collés et les toiles recouvertes de sable, le parcours chronologique montre les recherches, le va-et-vient incessant entre cubisme et réalisme figural, la complexité de l’œuvre artistique du peintre espagnol. Le musée présente également la collection personnelle de Picasso qui comprend des toiles du douanier Rousseau, de Cézanne, de Matisse ou de Vuillard, permettant de mettre en regard les œuvres du peintre avec celles qui l’ont souvent inspiré. Le parcours est ainsi un labyrinthe de résonances.
L’Hôtel Salé, qui abrite le Musée, est lui-même un dédale de salles qui demande au visiteur de revenir sur ses pas, de monter des escaliers pour les redescendre, à l’image de cette collection hétéroclite et pourtant profondément unifiée, comme un jeu de miroirs qui reflèteraient toujours le même individu.
L’exposition temporaire que constitue le travail de Daniel Buren in situ, intitulé "La Coupure" est d’ailleurs tout à fait dans cet esprit. L’artiste propose ainsi une "relecture du bâtiment" par un jeu de couleurs sur les fenêtres, par un mur-miroir coupant l’ensemble du bâtiment et par des installations de miroirs dans différentes salles du musée. L’effet est saisissant et le parcours n’en est que plus labyrinthique.
Jusqu’à dimanche, il est encore possible de visiter les collections. Mais le musée fermera ensuite ses portes, dès le 24 août, jusqu'au début de l'année 2012, pour une série de travaux de restructuration et de mise aux normes techniques et réglementaires de ses espaces. Il s’agit de la première phase de rénovation et de réaménagement du musée, dont le maître d’œuvre est le cabinet d’architectes Bodin et associés. En tout, ce sont 3000 mètres carrés qui seront réaménagés, comprenant les espaces d'accueil, les salles d'expositions et celles destinées aux activités pédagogiques et culturelles, pour un budget prévisionnel de 20 millions d’euros.
Pendant ces deux ans et demi de clôture des lieux, la collection devient itinérante : de grandes expositions seront organisées en 2009, 2010 et 2011 à Helsinki en Finlande, à Moscou et Saint-Pétersbourg en Russie et à Seattle, New York et San Francisco aux Etats-Unis. De plus, un chantier d’étude, de restauration et de numérisation des fonds du Musée sera lancé. Pendant ce temps, à l'hôtel Salé, des activités éducatives et culturelles hors les murs seront assurées, pour que Picasso et son oeuvre gardent un pied dans la capitale française.
Musée Picasso
Hôtel Salé, 5 rue de Thorigny
75003 Paris
Métro Saint Paul ou Saint-Sébastien Froisart
Horaires d'ouverture : 9h30-18h
Rens. : 01 42 71 25 21
Tarif plein 8,50 euros
Tarif réduit 6,50
Gratuit pour les moins de 25 ans, les chômeurs et les enseignants.