
événement extraordinaire pour trouver la mort, il suffit finalement de traverser la route au mauvais moment. C'est bien ce que les cauchemars et hallucinations de Curtis mettent en scène : cette angoisse du quotidien qui peut tuer sa fille, dont tous les éléments sont hostiles en puissance. Le chien affectueux se transforme en bête féroce, le meilleur ami en assassin.
shelter n'est pas une simple allégorie, ni seulement une métaphore du devenir parent ou de l'enlisement paranoïaque de la société des médias. C'est tout cela et aussi quelque chose d'autre, d'indéfinissable. La force du film de Jeff Nichols naît précisément de son indécision continuelle qui emporte telle une tornade sans laisser le temps de se poser sur un sol stable. "Je n'ai jamais envisagé le rôle simplement en considérant que Curtis était fou, précise Michael Shannon. Il y a tout un spectre de possibilités." Et à cette indécision répond l'incertitude poétique du genre. De fait, les incursions, à travers les scènes de cauchemars, du côté du thriller voire du fantastique déstabilisent. L'oeil ne sait plus à quoi se fier. Les frontières entre le rêve et la réalité se dissolvent et l'esthétique du film devient à mesure indéfinissable, comme si finalement tout pouvait apparaître à l'écran au plan suivant. La peur naît de la confrontation directe avec le danger mais l'angoisse est suscitée par ce possible derrière la porte fermée, cet inconnu qui est peut-être menaçant, cette incertitude qui s'infiltre insidieusement à l'intérieur.
production", explique-t-il. Et il est vrai que ses flashs relèvent presque parfois du film de zombie, ou du film catastrophe, à la fois dans leur contenu et dans leur couleur. Comme si, précisément, le film de genre devenait un soubassement possible du film réaliste.