
et qu'un pas, et l'on se souvient de l'amour affirmé d'Agnès Varda pour ceux qu'elle a filmés dans son documentaire Les Glaneurs et la Glaneuse en 2000. Les deux attitudes ont sans doute en commun une ouverture aux possibles, un certain abandon au hasard des rencontres : le glaneur, pas plus que le flâneur, ne prémédite ses découvertes. Et l'un comme l'autre ont pour seule règle d'accepter de se laisser surprendre. Tous deux, du reste, peuvent être aussi bien des personnages que des cinéastes : la flânerie, chez Varda, n'est pas seulement un sujet ; elle constitue également un parti pris esthétique, et implique une déambulation non préméditée dans l'espace - les tribulations des Glaneurs - ou dans le temps - si l'on songe à l'assemblage indomptable de souvenirs obéissant aux seuls impératifs de la mémoire affective des Plages d'Agnès. L'acte cinématographique lui-même forme une sorte d'abandon à ce que proposent les aléas du hasard, de la mémoire et des rencontres. De là un cinéma qui, en revendiquant une liberté de forme, fait la part belle aux associations d'images et d'idées, et préfère aux constructions rationnelles les fils conducteurs affectifs. Il n'est pas étonnant que de nombreux films de Varda se situent ouvertement dans une esthétique du "collage" ou du "puzzle", comme si le credo du hasard déterminait une forme filmique en même temps qu'une conception du cinéma - comme art du possible, des possibles, et non comme objet figé, fini.
métamorphoses que lui impose une perception guidée par les affects, de la peur qui rend le temps de l'attente interminable, à la curiosité qui construit l'espace à la mesure infinie des possibles de l'exploration.
à conjurer la peur. Tout le parcours de Cléo consiste à passer du statut de femme-objet - de femme regardée - au statut de femme-sujet, qui regarde, curieuse, aux aguets, ouverte au monde.
