"banalité du mal". Cette formule empruntée à la philosophe allemande Hanna Arendt, qui s'est rendue à Jérusalem lors du procès, ne doit pourtant pas prêter au contresens : Adolph Eichmann n'a rien de commun. Si son procès fait aujourd'hui l'objet d'une exposition au Mémorial de la Shoah, à Paris, cinquante ans après l'évènement, c'est avant tout pour souligner la singularité d'un criminel nazi dont le physique de bureaucrate contraste avec l'allure massive d'un Göring.
Wechtebbauch - tentent tant bien que mal de limiter l'écho du procès. Cette résonnance que recherche bien Ben Gourion : en guise de tribunal, on choisit la "Maison du Peuple" car il faut un lieu spacieux pour accueillir des journalistes que l'on souhaite aussi nombreux que possible. Entre les témoins, les juges et les avocats, le procès d'Eichmann prend des allures de Tour de Babel : durant les différentes étapes du procès, on entend parler successivement hébreu, yiddish, allemand, hongrois, anglais, polonais, français. Si les trois juges, d'origine allemande, font le choix délibéré d'adopter d'autres langues dans le seul but de déstabiliser l'accusé, contraint de porter un casque et d'attendre le délai nécessaire pour la traduction, cette babélisation est involontaire chez des victimes, qui sont issues de nations différentes.
en Palestine. Même si les deux tentatives ont échoué, Israël court le risque de se voir reprocher une forme de compromission avec l'accusé. Mais un fossé s'est creusé entre le judaïsme européen d'avant-guerre et la nouvelle génération formée en Israël après 1947, et l'évènement doit être le pont permettant de relier les deux. 
