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COMPLÉMENT ET PROLONGEMENT DE CE DISCOURS lié au besoin de restituer une dignité par la parole, c’est-à-dire par la verbalisation et le partage des violences endurées, l’échange consacré à la fratrie Singer et, par là, à la situation particulière des écrivains yiddish ouvre des perspectives inédites, où la production littéraire de trois membres d’une même famille offre une vision kaléidoscopique du microcosme dont elle dérive, et touche à l’universel. Intervenaient à cet égard Florence Noiville, responsable du Cahier de l’Herne consacré à Isaac Bashevis Singer, et Carole Ksiazenicer-Matheron, maître de conférence à Paris 3 (Sorbonne Nouvelle), auteure d’un très bel essai sur Israël Joshua Singer (Déplier le temps, Classiques Garnier, 2012) et traductrice (avec Louisette Kahane-Dajezer) de La danse des démons d’Esther Kreitman. Quelque peu tombés dans l’oubli en raison du succès d’Isaac Bashevis (prix Nobel de littérature en 1978), la soeur et le frère aînés trouvent enfin une place de relief, au sein d’une discussion aussi stimulante qu’anti-conventionnelle. C’est ce que Michèle Tauber aussi remarque, heureuse de pouvoir présider ce dialogue intercalé par la lecture (en yiddish et en français) de textes trop longtemps demeurés inédits. D’ailleurs, cette attache aux documents personnels n’est pas sans lien avec ce qui a été évoqué dans la suite de la discussion, à savoir le basculement des données statistiques vers une prise en compte de l’expérience individuelle dans le débat historiographique et sociologique tel qu’il s’est manifesté à partir des années 1970.


