L`Intermède
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PLUS DE SEPT ANS après leur dernier album studio, Rapture of the Deep, paru en 2005, les anglais de Deep Purple reviennent avec Now What?!, qui semble prouver une fois de plus que ce groupe, souvent qualifié de "dinosaure" du hard rock, peut, aussi bien que des groupes plus jeunes, faire osciller les têtes, remuer les cheveux et frapper frénétiquement du pied. Les membres du groupe étaient à Paris il y a quelques jours pour présenter ce nouvel opus. L'occasion d'entrer dans les coulisses de sa préparation.

Par Severine de Ren


APRÈS SEPT ANS D'ABSENCE, ou plutôt sept ans de tournée, Now What?! allait-il être un pur exercice de style, un simple objet à rajouter à la collection des fans du groupe, collection déjà pleine d'une vingtaine d'albums studio et plus encore d'enregistrements live ? C'était sans compter sur le goût de Deep Purple pour l'improvisation mélodique et la poésie des paroles. Si certaines chansons ressemblent trop à d'anciens souvenirs pour vraiment marquer l'oreille, plusieurs titres, comme "Body Line", qui se construit par la montée successive des nappes de batterie, guitare et basse, ou encore "Above and Beyond", dédiée à  l'ancien membre fondateur de Deep Purple, le claviériste Jon Lord, décédé en 2012, montrent que le groupe a su, sans se défaire du son qui paraît désormais si classique, à capturer, non pas forcément la modernité, mais plutôt une nouvelle manière de faire du Deep Purple.


Histoires

DEUX DES CHANSONS de cet album peuvent retenir l'attention, par leur titre notamment. "Après vous" porte un titre français, et pour cause : "Il y a une histoire derrière ce titre", commence Ian Gillan. "Il y a toujours une histoire, ironise gentiment Ian Paice, le batteur, seul membre fondateur de Deep Purple encore présent aujourd’hui. Nous étions en France, au festival "Rock meets classic" (un festival dont le but semblait essentiellement de rassembler sur scène certains des monuments encore vivants du rock'n'roll, ndlr), en janvier 2012. Pour le rappel, nous avions décidé de jouer "Smoke on the water", avec Steve (Lukather, chanteur et guitariste du groupe Toto, ndlr). Le public était venu tout au bord de la scène, et il y avait une femme – vous savez ce qu’est un homme Michelin ? (et il mime la circonférence imposante du bibendum) Eh bien, elle, c’était une femme Michelin. Elle était habillée tout en cuir, même si on voyait beaucoup plus de peau que de vêtements, elle avait des lèvres énormes peinturlurées de Deep purple, deep, purple, what, now, what now, album, rapture, rapture of the deep, critique, analyse, interview, body line, photos, photo, rock, disque, album, ian gillian, ian paice, bob ezrinrouge à lèvres, et j'avais l'impression qu'elle voulait nous manger, nous dévorer. Alors j'ai chuchoté à l'oreille de Steve : "Tu l'as vu en premier". Et c'est devenu une blague récurrente, ce "après vous", qui repose aussi sur l'idée que les gens semblent toujours plus beaux après deux ou trois verres." "Et puis, reprend Ian Paice, vous ne le savez peut-être pas, mais on vous vole très souvent des expressions françaises."

QUANT A LA CHANSON qui clôt l'album, "Vincent Price", dédiée à l'acteur américain mythique de films d'horreur, elle est venue de leur affection pour cet homme avec lequel ils ont tous collaboré, mais aussi d'une sorte de plaisanterie devenue des paroles de chansons : "Nous étions en train de travailler à cette chanson, quand nous avons commencé à faire une sorte de liste d'ingrédients de ce qui plairait à Vincent dans un film d'horreur. Nous l'avons tous connu, nous avons tous travaillé avec lui, et nous savons ce qu'il aimait : des portes qui grincent, le bruit des chaînes qui raclent le parquet, des femmes nues… Mais cette chanson est aussi un hommage à l'homme." Le rire démoniaque qui vient achever cette chanson, et conclure par la même occasion l'album, donne l'impression d'une dernière évocation de classiques qui ne se démodent pas.



Une tradition du Rock

LE GROUPE, justement, revendique une approche classique, indémodable et, à l'ère des réseaux sociaux et de l'enregistrement digital, se place volontairement comme le gardien d'une tradition du rock. Certes le groupe a plus d'un million de fans sur leur page officielle Facebook – "Ils sont tous des membres de ma famille", plaisante Ian Gillan – et profite de cette immédiateté de contact avec le public ; mais le chanteur regrette de ne pas avoir pu jouer de nouveaux morceaux inédits sur scène, "parce qu'ils seraient mis sur Youtube en moins de cinq minutes, et dans une version de très mauvaise qualité".

Deep purple, deep, purple, what, now, what now, album, rapture, rapture of the deep, critique, analyse, interview, body line, photos, photo, rock, disque, album, ian gillian, ian paice, bob ezrinLE NOUVEL ALBUM est venu de cette possibilité de retrouver un son classique, et de la proposition de Bob Ezrin, un grand producteur canadien qui avait déjà travaillé pour de grands noms du rock comme KISS, Pink Floyd, Lou Reed, ou Nine Inch Nails, de le produire : "Nous prenions tellement de plaisir sur la tournée, explique Ian Gillan, le chanteur, nous ne ressentions pas le besoin de retourner en studio. Nous en parlions de temps à autre, autour d'une bière. Mais nous n'étions pas décidés." Jusqu'au jour où Bob Ezrin vient les voir jouer, et leur propose de faire un nouvel album : "Il nous a rappelé la manière dont nous travaillions à nos débuts, que nous sommes un groupe d'instrumentistes avec un chanteur, et que c'est le son de chaque instrument qui prime, alors qu'avec le temps, nos compositions étaient devenues presque convenues, attendues, quelques couplets et quelques refrains. Bob nous a redonné l'envie de faire un disque, parce qu'il a su nous ramener à une vision plus originale, et plus proche des origines, de notre musique. Nous sommes avant tout un groupe d'improvisation." Et le résultat n'a pas tardé à dépasser les attentes du groupe : "Nous savions qu'il était capable de produire un son excellent, mais honnêtement, le premier matin, quand j'ai entendu l'enregistrement, j'étais au bord des larmes : Deep Purple n'avait jamais autant ressemblé à l'idée que je m’en fais. Nous avons réussi à obtenir un son vraiment classique, une composition d'ensemble de tous les instruments, ce qui est si difficile à retrouver dans notre ère digitale. Mais nous voulions cette connexion avec l'histoire."

DE MÊME, LE CHOIX de suivre Bob Ezrin pour aller enregistrer à Nashville paraissait naturel : "Nashville n'est pas surnommée "Music City" (la ville de la musique) pour rien. Il n'y a plus seulement des musiciens de country à Nashville. Depuis que New York et Los Angeles ont abandonné le domaine de la musique, tous les meilleurs musiciens du pays, de tous les styles, viennent à Nashville. Notre local était une sorte de hangar gigantesque reconverti et divisé en studios, et derrière chaque porte on pouvait entendre de la musique, et un genre différent de musique. C'est beaucoup plus facile d'être inspiré quand on est entouré de musique toute la journée, surtout d'un tel niveau."



Improvisation

QUANT AU TITRE DE L'ALBUM, Now What ?!, il peut surprendre même les plus fidèles fans du groupe, tant sa formulation semble faite, justement, pour déconcerter plutôt que pour annoncer la direction de l'album. "Ce titre est une ponctuation, donc un symbole, précise Ian Gillan. L'idée est de ne pas donner une idée précise au public de ce qu'ils doivent chercher dans l'album, mais plutôt de les attirer, de les intriguer. C'est ambigu, et cela donne envie de comprendre. Et d'ailleurs, si vous posez la question, c'est que notre plan fonctionne…" Des plans, pourtant, Deep Purple dit ne pas en faire. La démarche musicale, fondée essentiellement sur l'improvisation à partir de la partition de chaque chanson, et qui fait qu'aucun concert de Deep Purple ne se ressemble, se retrouve dans l'absence de stratégie marketing, d'après les membres du groupe, qui expliquent ne toujours pas avoir de publiciste. D'ailleurs, selon eux, peu de choses Deep purple, deep, purple, what, now, what now, album, rapture, rapture of the deep, critique, analyse, interview, body line, photos, photo, rock, disque, album, ian gillian, ian paice, bob ezrinont réellement changé dans leurs relations avec la presse, malgré leur succès et le statut de monstres sacrés que les critiques leur donne : "Nous n'avons jamais été intéressés par la réception commerciale de notre musique, explique Ian Gillan. C'est beaucoup plus satisfaisant de rester fidèles à nos premières intentions, de continuer à faire ce que nous aimons, sans jamais chercher à être à la mode."

S. de R.
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à Paris, le 05/05/2013


Now What ?! de Deep Purple
Label Edel
Sortie le 26 avril 2013


 



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