L`Intermède
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APRÈS LE SUCCÈS remporté il y a deux ans avec Panique au ministère, Amanda Lear est de retour sur scène avec une comédie taillée sur mesure, à l'affiche depuis septembre dernier au Théâtre de la Renaissance : Lady Oscar. A l'origine du projet, la célèbre pièce de Claude Magnier, dont la réécriture au féminin n'a de cesse de réinventer aussi bien les codes du genre que la tradition dont elle s'inspire. Si les passionnés de Louis de Funès y reconnaîtront ses gags, les fidèles d'Amanda, quant à eux, seront ravis de retrouver la verve qui avait fait les belles années des Grosses Têtes.

Par Guido Furci et Marion Duvernois 


CLARA BARNIER (Lear), icône de la mode et de la haute couture, ancien mannequin et créatrice d'un magazine à l'image du premier Vogue - c'est-à-dire de celui qui aurait fait la popularité d'Anna Wintour, sans cesse évoquée tout au long du spectacle -, est connue auprès de la presse comme de ses proches "pour avoir le verbe aussi haut que ses talons". Un samedi matin, alors qu'elle rentre à peine d'un voyage d'affaires et qu'elle est encore sous l'effet du jet lag, Nathan (Sébastien Castro), son comptable, fait lady oscar, lady, oscar, theâtre, renaissance, théâtre de la renaissance, boulevard, amanda, lear, amanda lear, eric cyvanyan, sébastien castro, sébastien, castro, paris, critique, analyse, interview, portrait, place, places, billet, billetsirruption chez elle pour lui demander la main de celle qu'il croit être sa fille. C'est le début d'un week-end cauchemardesque, scandé par les quiproquos et les retournements de situation, les aveux et les pièges tendus, les uns tentant de tirer avantage des faiblesses des autres dans le but d'asseoir des intérêts personnels ou financiers.


Jeux de langues et jeux de mots

S’IL EST VRAI QUE L'ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR rappelle de près celui du texte original - passé à la postérité grâce à l'adaptation cinématographique réalisée par Edouard Molinaro en 1967 -, il n'en va pas de même en ce qui concerne la caractérisation psychologique des personnages, certes empreints de leur charge émotionnelle de départ mais dénués de toute prise de position idéologique - indissociable, pourtant, de la question des luttes de classe. Ainsi, bien que parsemée d'allusions au milieu socioculturel dont chacun semble représenter le produit le plus évident, cette nouvelle mise en scène d'Eric Civanyan, reprenant une dramaturgie plutôt figée tout en laissant libre cours à quelques moments d’improvisation dûment choisis afin de conférer un rythme syncopé au récit, a recours de façon caricaturale à l'actualité (notamment à la crise économique, à la politique européenne et à ses représentants), non pas pour l'aborder de manière transversale tout en en problématisant les enjeux, mais bien plus pour mettre en évidence ce dont la fiction nous permet de nous éloigner, ne serait-ce que le temps d'une sortie au théâtre.

CAR C'EST AVANT TOUT DE DIVERTISSEMENT qu'il s’agit : portes qui claquent, fausses identités endossées, amants dans le placard - ou plutôt dans ce qui sert à Clara de garde-robe pour ses tenues de soirée et ses innombrables chaussures de marque -, mais aussi jeux de langues et jeux de mots à tout va, doubles sens à caractère sexuel ou petits interludes musicaux. Dans un décor plutôt sobre, malgré l'exubérance de la maîtresse des lieux, les protagonistes tournent en rond, chaque objet devenant le prétexte à une digression, voire à une plaisanterie menée à bien sous le regard complice du public. Comme "à huis clos", mais sans qu'une sensation d'enfermement ne prenne le dessus, tout le monde gravite autour d’un canapé qui est à la fois confessionnal et passage obligé, en raison de son emplacement stratégique au milieu du salon. Bien sûr, l'enchaînement des péripéties et le comique de geste font en grande partie la réussite du spectacle, mais c'est surtout Amanda Lear qui retient l'attention : c'est elle que l'on a envie de redécouvrir sous le feu des projecteurs, habillée de plumes et de paillettes et toujours aussi provocante qu'à l'époque de ses incursions télévisuelles. 



Justaucorps de circonstance

A BIEN Y REGARDER, ce n'est pas la première fois que la vedette des Grosses Têtes interprète le rôle d'une designer quelque peu déjantée. En 2004, elle avait déjà prêté sa voix à l'excentrique Edna Mode du long métrage animé Les Indestructibles de Brad Bird, lui conférant une aura aussi envoûtante qu'autoritaire. A nouveau donc, c'est sur cette ambiguïté qu'elle joue. Mais en chair et en os, sur le devant de la scène, les costumes se renouvelant avec une rapidité prodigieuse. Mis à part le boa (de circonstance), méritent d'être cités ici les peignoirs griffés, les chemises de nuit cherchant à mettre en valeur les courbes de l'actrice, les bijoux qui tintent ou encore une tenue de working girl, tantôt élégante tantôt sexy. Et lorsqu'Amanda Lear fait tomber nonchalamment sa robe de chambre, découvrant une silhouette impeccable sur laquelle le temps semble n'avoir eu aucune prise, elle profite d'une séance de sport pour nous assurer que, malgré les années, elle peut encore afficher sa désinhibition sans aucun complexe.

D'AILLEURS, TOUT EN ÉTANT UTILE à la narration, l'entraînement quotidien de Clara Barnier avec son coach permet non seulement d'introduire le personnage de Philippe (Alban Lenoir), jeune bodybuilder à la poigne solide et aux répliques irrémédiablement décalées, mais aussi d'intervenir de façon éloquente sur le ton et les registres de la pièce, souvent à mi-chemin entre la satire aiguisée mais légère des mœurs contemporaines et la farce dont la trame n'a de secret pour personne - ne faisant que revisiter un certain nombre de saynètes de répertoire. En effet, la composante potentiellement érotique de cet épisode - habilemente intégrée au moment où il s'agit de relancer l'action - s'explicite, d'une part, dans les exploits du couple aux prises avec des exercices (et des positions) de plus en plus acrobatiques, d'autre part, dans le choix du justaucorps d'Amanda, certes adapté aux circonstances, mais volontairement dépassé, comme pour nous replonger dans l'
lady oscar, lady, oscar, theâtre, renaissance, théâtre de la renaissance, boulevard, amanda, lear, amanda lear, eric cyvanyan, sébastien castro, sébastien, castro, paris, critique, analyse, interview,univers des années 1980, une décennie fortement marquée par l’avènement des variétés commerciales. Ce détail vestimentaire sert de clin d'œil, suggère un rapport de filiation entre égéries d'hier et d’aujourd'hui et finit par ajouter une pointe d'anachronisme à l'histoire racontée, conquérant un auditoire aussi large qu'hétérogène. Si tel était l'objectif, alors le contrat est rempli et il ne reste qu'à attendre une suite, d'ores et déjà annoncée pour la saison prochaine sous la direction de la même équipe, de la même famille dirions-nous, à la manière de celles qui montaient les revues d'antan.

G.F. & M.D.

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à Paris, le 14/01/2012

Lady Oscar 
Jusqu'au 30 juin 2012
Une comédie de Guillaume Mélanie
Mise en scène d'Eric Civanyan 
Avec Amanda Lear, Sébastien Castro, ...
Théâtre de la Renaissance
20 boulevard Saint Martin 75010 Paris
Mar-Ven: 20h30 / Sam: 17h et 20h30 / Dim: 15h30
Tarifs : 50€ / 38€ / 28€ / 23€ / 18€
Rens. : 01 42 02 47 35

 



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