
sémantique entre capuchon et chaperon qui déploie ici tout un champ d'évocations. Le Théâtre d'objet s'empare ainsi des objets quotidiens, "trop usés par le regard", selon les mots de Christian Carrignon : des objets que l'on ne "voit" plus à force de les voir. En les détournant de leur rôle habituel, en les rendant à l'inutile, il cherche à les faire "voir" à nouveau et autrement.
les hommes que l'empereur y fait emmurer - une trainée de semoule sur la trainée de sable, rapidement ensevelie - ainsi que Meng, l'épouse de l'un de ces hommes - deux des doigts du manipulateur couverts de poudre rouge. Pas ou peu d'objets. Et pourtant...
lorsque la lumière éclaire un homme portant une veste chinoise noire et ayant devant lui, sur la table, une série de bocaux à l'aspect sinisant, la dimension asiatique de l'histoire est tout de suite donnée. L'artiste explique d'ailleurs que la majeure partie de ce spectacle consiste à installer des codes afin que les matières fassent sens pour le spectateur. Ainsi, lorsqu'il déverse du sable en ligne sinueuse devant lui, on se retrouve "au pied d’une muraille alors qu'on est autour d'une table" (Isabelle Bertola). Du théâtre sans illusion.
"[L'objet] est toujours prêt à reprendre sa puissance d’évocation quand on le met en connexion avec [un] récit, verbal ou muet". Didier Plassard note néanmoins que c'est le plus souvent la parole qui entre en jeu : par son seul pouvoir l'objet peut devenir autre chose. Parce que cela est dit, les grains de sable deviennent muraille de Chine et les grains de semoule êtres humains, tout simplement.


