CETTE ANNÉE ENCORE, L'Intermède a fait ses bagages pour s'installer quelques jours sur la croisette. Badge au cou et lunettes de soleil sur le nez, nous avons affronté les longues files d'attente pour vous rapporter quelques échos de la sélection officielle. Pas forcément ceux dont on a le plus parlé, pas nécessairement ceux qui ont gagné, mais des longs métrages qui, le temps d'une projection, nous ont touchés, fait rire ou impressionnés. Au lendemain de la cérémonie de clôture, on prolonge le plaisir. – Par Claire Cornillon
POUR CETTE SOIXANTE-SIXIÈME ÉDITION, le roi des festivals de cinéma avait accueilli l'empereur d'Hollywood, rien moins que Steven Spielberg, dont l'oeuvre foisonnante a marqué l'imaginaire de plusieurs générations. Accompagné par son jury, celui qui, à tort, représente pour certains une industrie uniquement commerciale, a primé La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, soit un film d'auteur français, et rappelé dans son discours de clôture l'importance de l'exception culturelle et la nécessité de la diversité créative. Une façon de répondre à certains.
QUOI QU'ON EN DISE, tous les projecteurs continuent à se tourner vers la petite ville côtière chaque année au mois de mai, tout simplement parce que la crème du cinéma international s'y retrouve invariablement, des frères Coen (Grand Prix du jury pour Inside Llewyn Davis) à Roman Polanski, en passant par Alexander Payne. Et si certains films, inévitablement, déçoivent - cette année, c'est le cas de The Immigrant de James Gray -, d'autres surprennent, comme le merveilleux Only lovers left alive de Jim Jarmusch, dont on vous parlera dans ces pages. Et si l'on retrouve des visages connus et attendus comme Mads Mikkelsen, de retour après son prix d'interprétation de l'année dernière, d'autres se révèlent que l'on attendait moins.
NOUS VOUS RACONTIONS l'année dernière les coulisses de ce monde frénétique et hiérarchisé qu'est le festival (voir notre dossier). Rien n'a changé. Mais c'est peut-être pour le mieux, car la ville qui revêt chaque soir pendant le festival son smoking ou sa robe de soirée et se pare de tapis rouges pour accueillir le monde du cinéma, devient précisément l'espace de quelques jours une ville de cinéma, parfois frustrante, pénible, mais aussi troublante, étonnante, émouvante. Il reste cette sensation incroyable d'être là où les choses se jouent. Peut-être pas tout, mais suffisamment pour que cela reste passionnant. Et si même les stars s'émerveillent de l'honneur de pénétrer le palais des festivals, alors pourquoi nous, simples mortels, nous priver de ce plaisir ?