LES TENTES SONT DÉMONTÉES et les tapis rouges enroulés : la 65ème édition du festival de Cannes vient de s’achever, dévoilant son palmarès sous la présidence de Nanni Moretti. Sous la pluie comme sous le soleil, les festivaliers sont une fois de plus venus en masse pour assister à l’un des événements les plus attendus du monde du cinéma. Pour la première fois, L’Intermède a tenté l’aventure et rapporte ici, le temps d’un dossier, quelques morceaux choisis de cette édition 2012, à l'écart des sentiers battus.
– Par Claire Cornillon
À CANNES, C'EST L'ÉBULLITION PERMANENTE. On ne s’étonnera donc pas de la horde de spectateurs qui s’amasse tous les matins dès 7h30 devant le palais des festivals pour assister à la première séance du jour, ou de la muraille de chaises et d’escabeaux qui s’étend face aux marches rouges. Pas plus d’ailleurs du cortège des hommes et des femmes en tenue de soirée portant un petit écriteau "Cherche invitation", le soir vers 18h30. Chacun ici cherche à être présent. Mais chacun sa méthode. Il y a les intensifs, qui arrivent en courant dans la file, sortant à peine de leur séance précédente. Il y a les contemplatifs qui observent le festival et profitent de la plage et du village international en dégustant une glace. Il y a les fêtards qui sacrifient la séance du matin pour profiter de la nuit cannoise. Il y a les spectateurs fascinés par les stars et ceux qui, cinéphiles purs et durs, voient dans le festival l’occasion d’assouvir leur passion et de partager leur opinion avertie.
ÊTRE PRÉSENT AU FESTIVAL, c’est aussi prendre le temps de se rendre compte de l’instant, en acceptant peut-être alors de rater quelque chose. Car il se passe toujours quelque chose ici : tellement de films à voir, de conférences de presse à suivre, de montée des marches à observer. Au point que les images de la télévision du festival, qui sont diffusées partout dans le palais, deviennent un relais avec le monde, celui même du festival que nous sommes en train de vivre mais qui nous est presque extérieur parfois, notamment celui des célébrités qui gravissent ces fameuses marches alors que l’on patiente devant la salle des conférences de presse. La tentation est grande dès lors de vivre le festival comme une course à l’exhaustivité, courant de-ci de-là en voulant être partout à la fois.
OR LE FESTIVAL est avant tout une immense organisation, un aiguillage permanent des foules qui pousse chacun à occuper la place qu’on lui a assigné. Dans ce monde très hiérarchisé, chaque journaliste a sa couleur de badge, chacun sa file d’attente, chacun sa place dans la salle. Mais une fois franchie la porte de la salle de cinéma, lorsque les lumières s’éteignent, il reste l’essentiel, les films, ceux qui nous ont fait nous déplacer, ceux dont on parlera à la sortie de la salle avec ces rencontres éphémères qui parsèment la vie du festivalier, ceux que l’on conseillera lorsqu’ils sortiront sur tous les écrans. Partout ici on parle de cinéma. Il y a comme quelque chose dans l’air, pas seulement le glamour, mais l’attente de la découverte. Un festival, c’est avant tout une sélection qu’on nous offre et que l’on s’apprête à goûter film après film, prêt à y adhérer tout autant qu’à la contester. Et celle de cette année réserve son lot de réussites attendues tout autant que de belles surprises. Alors si Cannes demeure le lieu où il faut être, c’est peut-être parce qu’un festival de cette ampleur est une connexion sans pareil avec le monde du cinéma dans tout ce qu’il a de vivant et de partagé. A l’heure de sa clôture, il est donc temps de revenir sur cette édition pour gravir ensemble quelques marches de ce palais du cinéma.
