
Danube dont la lente et perpétuelle course bleutée contraste avec le désordre des innombrables grues jaunes d'aujourd'hui. Vienne est en perpétuelle mutation. C'était déjà le cas à l'époque de l'Empire, et l'on retrouve cette dimension dans le travail de Klimt, né du tumulte entre Eros et Thanatos, de la gloire d'une société décadente, entre l'or et l'obscur. Un travail constamment tourné vers la beauté de la femme, sous toutes ses formes, jusqu'à en faire un thème central et récurrent de son oeuvre, où le symbolisme féminin se conjugue aux fantasmes masculins.
FEMMES, l'artiste honore autant la mère que la putain, l'Eve que la Judith, la vierge impuissante que l'Athéna. Les nombreuses statues des impératrices Marie-Thérèse et Sissi, le sceptre à la main et le regard puissant, dispersées dans la capitale çà et là n'ont rien à envier au pouvoir érotique et dominateur qui se dégage des corps féminins de Klimt. On retrouve dans Judith I l'association entre la faiblesse stéréotypée de la femme et une inquiétante force castratrice. Le sexuel et la mort sont on ne peut plus présents en cette fin de siècle où s'impose Freud, dont les travaux révolutionnent la pensée moderne. Que dire de Judith II (Salomé) , peinte en 1909, qui met plus en scène l'orgasme meurtrier de la femme fatale que la peine d'une vertueuse veuve juive, annonçant la Salomé de Strauss, censurée car jugée trop scandaleuse dans de nombreux opéras, dont celui de Vienne ? Mêler innocence et fureur, adolescence et timbre dramatique : c'est là tout le travail du compositeur allemand que le pinceau du peintre sait traduire.
jouissance et le plaisir. Son tracé a toujours su être bienveillant à l'égard du corps féminin, le déshabillant pour mieux l'exposer dans toute sa vérité, telle Nuda Veritas, peinte en 1899, qui défie dans toute sa nudité, loupe à la main, le public viennois conservateur. Klimt appelle à dépasser les apparences, refusant le simulacre ostentatoire. Ses femmes sont certes vêtues d'or et de couleurs chatoyantes, mais La Mariée, commencée en 1917 et inachevée, nous apprend qu'il les peignait nues, avant de les couvrir.


