L`Intermède
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Pour la troisième année consécutive, L'Intermède s'est promené sur les planches de Deauville.
Le Festival du cinéma américain, dont la 38e édition s'est tenue du 2 au 9 septembre, est un moment privilégié pour les cinéphiles de tous bords. 15 films en compétition, des avant-premières, des séries, des documentaires : le programme était une fois de plus riche et valait bien un dossier qui, cette année encore, tente de vous rapporter quelques pépites et moments particuliers saisis au vol durant cette première semaine de septembre.


Par Claire Cornillon

Contrairement aux mastodontes que sont Cannes ou Venise, Deauville est un festival à taille humaine et ouvert à tous. Chacun, public et professionnels, peut assister aux projections qui s'égrénent 24 heures sur 24 pendant une semaine, aux conférences de presse ou aux masterclass. Nul besoin d'être un VIP pour s'assoir à quelques centimètres de l'équipe du film ou du jury lors des projections officielles. Deauville, c'est aussi un prolongement des vacances, en cette semaine de rentrée, où l'on peut fouler le sable de la plage entre deux projections, profiter de la foule de restaurants ou flâner sur la marina.

Comme chaque année, la sélection a ménagé des moments de rassemblement du grand public pour des blockbusters comme Jason Bourne : l'héritage ou Taken 2, tout en offrant une compétition marquée par le cinéma indépendant américain et par la présence de nombreux premiers films. C'est le cas notamment de Gimme the loot d'Adam Leon, dont nous vous avions parlé ici-même au moment du Festival de Cannes, de Booster de Matt Ruskin ou Robot et Frank de Jake Shreier. C'est d'ailleurs un premier film, Les Bêtes du sud sauvage, de Benh Zeitlin qui a raflé le Grand Prix et le prix de la révélation Cartier, quand Una Noche, le deuxième film de Lucy Mulloy a remporté le prix du jury et The We and the I de Michel Gondry, celui de la critique Internationale. Comme souvent à Deauville, les films politiques, sociaux, engagés ont eu la part belle dans cette sélection : God Bless America  de Bobcat Goldwaith tire ainsi à boulet rouge sur la société américaine : du tea party à American Idol, tout y passe. Una noche raconte le périple de jeunes cubains qui essaient par désespoir de gagner Miami sur un radeau. L'heure est plus souvent à la violence, au sordide et au tragique qu'à la comédie, mais les films se révèlent audacieux et pertinents. Des personnages souvent perdus, voire désespérés, se débattent avec leur vie, leurs problèmes. La cruauté du groupe dans The We and the I, la vieillesse dans Robot et Frank, la misère dans Les Bêtes du Sud sauvage, la tentation du crime dans Booster. Pas de héros, mais seulement des êtres humains, avec leurs faiblesses et leurs espoirs.

Et ce n'est précisément pas d'audace que manque William Friedkin, réalisateur mythique de L'exorciste, de French Connection ou de Police fédérale : Los Angeles, auquel Drive de Nicolas Winding Refn présenté l'année dernière à Deauville, doit tant. Il présentait cette semaine Killer Joe, son dernier film pour le moins explosif, et le festival lui a rendu hommage pour l'ensemble de sa carrière. De cette audace, il a fait preuve une fois de plus à travers une spectaculaire masterclass de plus de deux heures. Arpentant la scène, sans jamais accepter de s'assoir, il a démontré sa passion pour le cinéma, sa culture et sa cinéphilie et raconté son processus créatif et ses tournages. Harvey Keitel, Liam Neeson, Salma Hayek, Melvin Van Peebles et John Williams ont également reçu un hommage cette année, et c'est à Paul Dano qu'a été décerné le prix Nouvel Hollywood. Avant-premières, compétition, sélection de documentaires, projection de séries dans le cadre de Deauville Saison 3, événements spéciaux comme le concert de musiques de films proposé par l'orchestre philharmonique de Radio France : comme chaque année, la semaine du festivalier s'est révélée riche et intense. Au-delà de la qualité inévitablement inégale des films en avant-première, celle de la compétition en revanche a révélé une fois de plus un certain nombre de talents parmi lesquels se trouvent peut-être les grands noms du cinéma américain de demain. C'est aussi pour cela que ce festival compte : parce qu'il est un écrin précieux pour les amoureux du cinéma, pas seulement pour le glamour et le star-system mais pour ceux qui aiment voir des films et pouvoir en parler avec ceux qui les font.


C. C. 
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à Deauville, Septembre 2012

 



Festival de Deauville 2012 : Compliance de Craig Zobel

Festival de Deauville 2012 : Rencontre avec l`acteur Paul Dano

Festival de Deauville 2012 : The We and the I, de Michel Gondry

Deauville 2012 : Les Bêtes du Sud sauvage, de Benh Zeitlin