À L'OPPOSÉ DES ROMANS FLEUVES et des grandes sagas qui font le bonheur des étés de désœuvrement, lorsqu’il s’agit de dire le monde et de le représenter, certains font le choix de la brièveté. La forme, alors, peut être un moyen de renvoyer au statisme du propos, comme en ces poèmes de Gillian Sze où chaque coup de crayon est à la fois son propre trait et un écho de ce qui a été tracé ailleurs. Comme aussi ces idylles de Robert Walser qui figent le récit dans un éternel début, refusant la narration comme en résistance à l’inéluctable détérioration des choses. Faire le choix du bref, ce peut être choisir la formule la plus percutante, condenser un message en quelques mots sonores ou en une image saisissante, comme le font le slogan et la caricature, déplaçant ainsi la forme brève sur le terrain du politique. Faire court, c’est aussi s’interroger sur le statut du récit bref : constitue-t-il un tout autonome ou un éclat de quelque chose de plus large que lui, ouvrant sur des mondes à l'infini ?