L`Intermède
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17 jours à New York

Mardi 4 octobre 2011
A la verticale, donc, les avenues - qui vont de 1 à 11 (plus deux non numérotées). A l'horizontale, les rues, de 1 à 191 - sans compter les extrémités de l'île de Manhattan, où les noms de rue ne sont plus des chiffres. Les New-yorkais parlent de "blocks" pour les pâtés de maisons - ou, plus souvent, d'immeubles - qui forment des rectangles aux angles parfaitement droits et qui s'alignent sur des kilomètres. Tous ces blocks composant un damier géant qui m'a toujours semblé, de loin, sur une carte, terrifiant de rigidité et d'artificialité. Sensible aux rues escarpées de Rome et au bordel organisé de certains recoins de Paris, ces avenues et rues à chiffres et en ligne droite me semblaient manquer de poésie.

Et puis, cette après-midi, nous traversons le passage piéton de la 3e avenue, au niveau de la 42e rue (3rd Ave - E 42nd St, diraient les new-yorkais) - cette même avenue où il y avait, jadis, un métro aérien. De chaque côté, deux points de fuite où les façades des buildings, les taxis et les feux de circulation se fondent dans l'horizon, sans que l'on voie précisément où ils s'arrêtent. Si l'on devait remplacer la définition du mot "perspective" dans le dictionnaire, on y mettrait une photo de cette avenue qui a donné son titre à un film réalisé par Carson Davidson, et dont les images ont servi au clip de LCD Soundsystem pour la chanson "New York I Love You But You're Bringing Me Down". Le morceau que l'on écoute sur le rebord de sa fenêtre, quand il pleut, au 26e étage d'un hôtel, et qu'on a envie de pleurer en rythme.



Au bout de cette 3e avenue, tout au bout, quand elle ne s'appelle même plus 3e avenue, il y a Wall Street. Philip et moi avons visité le Financial District hier, juste après Ground Zero, où les rues se font plus étroites que dans le reste de la ville, donnant aux buildings qui s'y succèdent comme des dominos l'impression qu'ils vont tomber d'un instant à l'autre. Le 8-18 Broad Street, où s'érige la façade du New York Stock Exchange, est actuellement interdit aux passants à cause d'un mouvement citoyen contre les spéculations boursières qui, en quelques jours, a pris beaucoup d'ampleur. J'en suis chaque jour l'évolution grâce au New York Times que, comme recommandé par un ami, j'ai décidé d'acheter religieusement chaque jour de ma présence dans la grosse pomme. On passe ainsi d'émeutes entre citoyens et policiers au calme apparent des rues derrière lequel des traders affolés tapotent des chiffres, des "+" et des "-" sur leurs claviers, avant d'arriver plus loin au South Street Seaport Historic District, tout en rues piétonnes et maisons de pêcheurs aux briques rouges. 

"Il y a un autre New York à chaque coin de rue", a très joliment résumé Philip. Et les dernières 48 heures en sont comme une illustration en images, où nous avons fait un aller-retour avec le Staten Island Ferry pour nous approcher de la Statue de la liberté, regardé de loin le Brooklyn Bridge, admiré le Woolworth Building et ses ornements architecturaux qui surplombent le City Hall Park, tenté de nous faire passer pour des figurants - sans succès - sur le tournage d'un épisode de CSI:NY sur les marches du Palais de justice, profité du calme des quartiers résidentiels Lower East Side et Alphabet City pour manger un cheesecake à la myrtille dans un Delicatessen ouvert en 1888 (lundi), puis fait le tour des galeries d'art au nord de Chelsea, - superbes expositions consacrées aux photographes Edward Steichen à la Danziger Gallery et Lisette Model  à la Bruce Silverstein Gallery - marché tout le long de Bleecker Street au soleil - je sais désormais où je louerai un appartement si je viens vivre ici -, dévoré un cupcake à la vanille et au "chocolate butter" à la Magnolia Bakery, visité la Saint Patrick's Cathedral - la plus grande église catholique des Etats-Unis, dressée au milieu des buildings -, frémi de plaisir devant Billy Elliot à l'Imperial Theatre - mis en scène par Stephen Daldry et composé par Elton John, une réussite totale - et poursuivi notre marathon Sex & The City.

"New York I Love You..." a cédé la place à "Bleecker Street" de Simon & Garfunkel sur mon iPod. Une chanson qui se trouve sur leur album Wednesday Morning 3 A.M., jour et heure exacts auxquels j'achève ces quelques lignes - quand je vous dis que la vie à New York ressemble à une comédie musicale. Il me reste quelques heures pour dormir avant, demain, d'entamer la tournée des musées.



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Image : BIM Studio